La CFDT s'aplatit devant le Medef

Mercredi, 27 Octobre 2010 04:36
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Grand moment de télévision et de servilité syndicale, lundi soir en direct sur France 2 : devant Yves Calvi et Bernard Thibault, François Chérèque a fait de la lèche à Laurence Parisot.

Alors que la CGT estime que "le mouvement n’est pas fini" et souhaite durcir le conflit avec le gouvernement sur la réforme des retraites, Christine Lagarde vient de se réjouir en déclarant qu'elle pense que "l’expression est en train de changer", saluant "à la fois le retour de la raison et du dialogue", évoquant même "un tournant" et "une phase de fin de conflit". [...] Ces propos font référence à une "négociation sur l'emploi des jeunes et des seniors" proposée par le leader de la CFDT — prolongement naturel, selon lui, de la réforme des retraites — et immédiatement acceptée par la présidente du Medef lors de l'émission Mots croisés, lundi soir sur France 2.

Alors, fin du front syndical uni au profit de négociations au contenu… hypothétique ?

Souvent CFDT varie, serait-on tenté de dire et de penser. Alors qu'il y a encore quatre jours François Chérèque déclarait, au sujet de la mobilisation contre la réforme des retraites : "Les salariés nous demandent de continuer et on le fait". Il appuyait ses propos par un sondage selon lequel 69% des personnes interrogées approuvent les grèves et les manifestations contre le projet de loi, et ajoutait qu'il y avait "un fort sentiment d’injustice sur cette réforme et sur beaucoup d’autres choses", indiquant au passage qu'il était "temps de se remettre à dialoguer".

"Temps de se remettre à dialoguer" : c'est cette dernière phrase qui aurait du mettre la puce à l'oreille des salariés opposés dans leur grande majorité à la "réforme"... Car, depuis quelques heures, visiblement la détermination du leader de la CFDT a du plomb dans l'aile !

En effet, François Chérèque a déclaré lundi en direct, juste en fin d'émission : "La meilleure chose qu’on a à faire, c'est qu’on ouvre une négociation entre le patronat et les organisations syndicales sur l’emploi des jeunes, l’emploi des seniors. (…) On ne peut plus y couper, la responsabilité des entreprises est engagée. Le patronat a voulu cette réforme, sa responsabilité est engagée. Il faut absolument maintenant entrer dans les négociations sur l’emploi des jeunes et l’emploi des seniors, c’est une urgence".

Cette offre de négociation a été immédiatement reprise au vol par Laurence Parisot qui, pleine d'enthousiasme, a répondu : "Je voudrais dire à François Chérèque que je suis d’accord", qualifiant cette proposition de "scoop". "Je suis d’accord pour qu’on ouvre une délibération sociale pour voir si on peut, sur ces sujets évoqués par François Chérèque, commencer à travailler ensemble". Elle a ajouté que "ce serait une bonne façon de passer à autre chose"...

"Négocier", "passer à autre chose". Cela signifierait-il que la CFDT a fait son deuil du recul de l'âge légal de départ à la retraite auquel elle était opposée ? Cela signifie-t-il aussi qu'elle aurait fait défiler et faire grève à des millions de salariés pour rien ? Quid de l'avis de Bernard Thibault, qui n'a pas pu réagir ?

A vrai dire, l'offre de négociation de la CFDT au Medef s'apparente à une capitulation en bonne et due forme. Capitulation qui devrait permettre au Président et à sa majorité d'affirmer que la "pédagogie" a rallié un partenaire social de poids !

Comme en 2003, où la CFDT a validé une réforme des retraites qui devait, selon ses dires, avoir pour priorité l'état de l'emploi des seniors ?

Capitulation que François Chérèque aura du mal à expliquer aux salariés alors qu'il fustigeait, le 29 septembre, "la volonté d’humilier les Français mobilisés contre la réforme" en dénonçant l'Elysée, qui affirmait une moindre mobilisation : "C'est le signe que le pouvoir est gêné par notre mouvement parce qu’il reste maîtrisé et républicain".

Des négociations avec la corde au cou ?
Plus que probablement, puisque Laurence Parisot a clairement revendiqué son statut de «marraine» de la réforme engagée par le gouvernement, avec le recul des bornes d'âge (de 60 à 62 pour l'âge légal de départ et de 65 à 67 pour la retraite sans décote) et l'allongement de la durée de cotisation qui en constituent le cœur.

D'autant que le Medef, qui a obtenu pêle-mêle de larges modifications du Code du travail, la suppression de la contribution Delalande, la mise en place du licenciement par "rupture conventionnelle" et a réussi à interdire aux salariés des TPE toute représentation syndicale, sera en position de force face à une CFDT qui n'aura plus qu'à manger le chapeau d'une vague "charte de bonnes pratiques" que ne manquera pas de lui imposer Mme Parisot !

Alors, assisterons-nous au retour en fanfare du calamiteux "CDD seniors" pour les plus âgés et celui du scandaleux CPE pour les plus jeunes ou de leurs équivalents "modernisés", au nom de la "négociation entre le patronat et les organisations syndicales sur l’emploi des jeunes, l’emploi des seniors" ? A vous de nous le dire, monsieur Chérèque… et vite !

(Source : SLOVAR)

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Mis à jour ( Mercredi, 27 Octobre 2010 04:51 )