Bientôt, des infirmières au rabais

Mardi, 22 Juillet 2008 15:04
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Un article de la loi "Patients, santé, territoire", qui doit être discutée au Parlement à l'automne, prévoit une dérèglementation qui aboutirait à confier certaines tâches non plus à des infirmières mais à des personnes «moins qualifiées, moins formées et moins payées», posant des problèmes de qualité et de sécurité des soins.

Cet article provoque l'inquiétude des infirmières sur la perte de certaines de leurs missions. Lors d'une conférence de presse, les organisations syndicales d'infirmières des secteurs public et libéral (CFDT, CFTC, CNI, Convergence, FNI, FO, Onsil, Snics-FSU, SNPI-CGC, Sud, Unsa, Ufmict-CGT) ont exprimé leur refus de voir modifiée par arrêté la liste des actes infirmiers, comme l'envisage cet article qui pourrait figurer dans le projet de loi "Patients, santé, territoire" prévu pour l'automne.

Répondre à la pénurie par la déqualification

Dans un contexte de réduction des dépenses et de pénurie professionnelle (50% des 500.000 infirmières partiront en retraite d'ici 2012), l'intersyndicale, qui critique le «manque de concertation» du gouvernement, demande le retrait de cet article du projet de loi et l'ouverture de négociations.

«Une telle dérèglementation va poser souci au niveau de la qualité et surtout de la sécurité des soins. On ne peut pas répondre à la pénurie par la déqualification», a prévenu le président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) Philippe Tisserand. Contrairement aux aide-soignantes ou aux auxiliaires de vie, l'infirmière a «toute compétence pour détecter des erreurs de prescription», selon la FNI.

Une valorisation qui passe aussi par les salaires

Craignant de voir des missions (soins de toilette, distribution de médicaments, etc…) confiées à des personnes «moins qualifiées, moins formées et moins payées», les infirmières veulent obtenir la reconnaissance de toute la profession au niveau Bac+3 et l'affirmation de la «place centrale de l'infirmière au cœur du système de santé publique». «Le gouvernement doit s'occuper de la valorisation de nos métiers de toute urgence, et cela passe aussi par les salaires», ont déclaré les syndicats.

Une grève pour septembre

Or, «le chantier est ouvert pour créer des métiers moins qualifiés que celui d'infirmières», notamment dans les métiers du grand âge, craint Dominique Lahbib, secrétaire générale de l'Ufmict-CGT. En contrepartie, «on nous dit "On va vous confier de nouvelles missions", mais quand, comment ?» s'interroge Philippe Tisserand. Pour lui, malgré des expérimentations de transfert de tâches entre médecins et infirmières, «le corps médical ne nous délègue rien du tout».

Les syndicats envisagent une mobilisation, voire une grève, pour septembre.

(Source : Le Nouvel Obs)

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Mis à jour ( Mardi, 22 Juillet 2008 15:04 )