Virée à cause de son blog

Jeudi, 20 Juillet 2006 06:23
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Catherine est une Britannique vivant et travaillant à Paris depuis plusieurs années. Elle tient depuis longtemps un weblog, "Petite Anglaise", dans lequel elle raconte avec un talent certain sa vie de mère célibataire et d'expatriée à Paris. Seulement ce weblog, qui attire plus de 3.000 lecteurs quotidiens, lui a coûté son travail.

Catherine a effectivement été licenciée par son employeur, la société britannique de comptabilité Dixon Wilson, pour avoir "nui à l'image de sa société" et tenu son blog pendant ses heures de travail. Elle a aussitôt saisi les Prud'hommes.

Car certes, Catherine a relaté sur son blog quelques épisodes de la vie de son entreprise : la soirée de Noël pendant laquelle un employé a commis la maladresse d'ouvrir son "cracker" avant le patron, par exemple. Mais elle n'a jamais donné son nom, celui de Dixon Wilson ou d'un quelconque employé ou dirigeant de l'entreprise, qui reproche à Catherine… d'avoir publié une photo d'elle sur son blog qui permettrait à un client de faire le lien.

"Dooced"

"I was dooced", estime donc Catherine, reprenant un néologisme britannique : être "dooced" c'est avoir été licencié en raison de son blog. Ce verbe est un dérivé de "Dooce", nom d'un weblog de l'américaine Heather B. Armstrong, qui avait été licenciée pour y avoir parlé de son travail. Le blog Dooce.com n'en avait été que plus populaire par la suite.
La même chose est en train d'arriver à Catherine. Son licenciement, d'abord relaté par le Daily Telegraph, a été évoqué par l'ensemble de la presse britannique. En France aussi, les messages de sympathie affluent. Même rédigé en anglais, son blog avait de nombreux lecteurs français, avec parmi eux des blogueurs qui se disent offusqués par la décision de Dixon Wilson.

Sur Cens et Chézine, Tehu estime que cette annonce fait de 2006 "une année grise pour le blog en France. (...) Il faut pourtant que ces auteurs qui relatent à mots couverts leur milieu professionnel continuent à pouvoir publier. Dès qu'on franchit la porte de son bureau, on ne range pas sagement sa vie intime au placard, on n'abdique pas sa personnalité".
Maître Eolas, qui tient le blog Journal d'un avocat, est plus véhément : "Et Dixon Wilson se ridiculisant en virant une de ses employées pour des motifs dont chacun peut constater la futilité en lisant le blog incriminé. Comment se tirer une balle dans le pied, à voir cette réaction impulsive et un rien paniquée face à la découverte que les employés, notamment les femmes, d'une part ont une vie privée en dehors du travail, et d'autre part ont un esprit critique qui s'exerce même au travail".

(Source : TF1/LCI.fr)

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