La convocation à l'ANPE, affaire de statistiques !

Mardi, 02 Août 2005 17:44
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Avantage : les quelque 10% de demandeurs d'emploi qui ne se présentent pas sont radiés.
Par François WENZ-DUMAS pour Libération.

La réinsertion des chômeurs de longue durée demande du temps mais peut avoir un effet immédiat sur la statistique du chômage. Christian Charpy, directeur général de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) depuis le 6 avril, l'a bien compris. En mobilisant les services de l'agence, cet énarque de 45 ans, qui fut d'octobre 2003 à avril 2004 le conseiller social de Jean-Pierre Raffarin, vient d'obtenir un premier résultat tangible sur la courbe du chômage.

Solution. L'effet est particulièrement net sur le chômage des jeunes. Le 8 juin, dans sa déclaration de politique générale, Dominique de Villepin avait demandé à l'ANPE de «recevoir individuellement les 57.000 jeunes au chômage depuis plus d'un an pour leur proposer une solution adaptée». C'est chose faite pour 27.500 d'entre eux, a précisé vendredi le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo.

Personne ne se plaindra de l'amélioration de ce suivi. Mais cette initiative a aussi un intérêt statistique direct : quand l'ANPE convoque des demandeurs d'emploi, 10% d'entre eux en général ne se manifestent pas et sont de fait rayés des listes. Le procédé n'a en soi rien de choquant. Le plus souvent, c'est qu'ils viennent de trouver un emploi et ont omis d'en avertir l'ANPE. Ils auraient de toute façon été radiés quelques semaines plus tard. On anticipe juste la mise à jour des fichiers, et cela permet d'afficher, un mois plus tôt, une baisse apparente du chômage. «En aucun cas nous ne changeons les règles du jeu», se défend Christian Charpy. Peut-être. Mais le chômage des moins de 25 ans, qui était en progression constante depuis 2003, a chuté soudainement de 2,6 % (- 1.700 personnes) entre mai et juin.

Fort de ce succès, Jean-Louis Borloo a demandé vendredi à l'ANPE de convoquer avant la fin de l'année, tous les bénéficiaires de l'ASS (Allocation spécifique de solidarité). Cela représente 437.000 personnes. Combien parmi elles ne répondront pas à la convocation ? Combien accepteront, par crainte d'une sanction, une solution (formation, stage, emploi aidé...) qu'elles avaient jusqu'ici refusée ?

Pression. L'effet sur la courbe du chômage risque d'être d'autant plus net que le décret sur le contrôle de la recherche d'emploi, qui doit entrer en application d'ici à la fin août, va permettre à l'ANPE de mettre la pression, lorsqu'un chômeur manifeste trop peu d'empressement dans sa prospection. «Jusqu'ici, on ne disposait que de la bombe atomique de la radiation, heureusement peu utilisée», souligne Christian Charpy. Désormais, les agences pour l'emploi pourront réduire de 20% le montant de l'allocation chômage. Moins irréversible, cette sanction risque d'être beaucoup plus utilisée. Ou simplement brandie, par exemple pour convaincre un chômeur de longue durée d'accepter un contrat d'avenir, un contrat d'accompagnement dans l'emploi ou un autre dispositif d'emploi aidé prévu par la loi de Cohésion sociale, et dont la montée en charge reste lente.

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