Depuis le retour de la droite au pouvoir en 2002, ils n'ont cessé d'osciller entre doute et amertume, impatience et colère. En 2003, après la réforme des retraites, ils avaient fini par prendre leur parti de la méthode Raffarin –«réformer sans bloquer». Même si ce n'était pas la leur, même s'ils pensaient qu'il eût fallu aller plus vite et plus fort, ils s'étaient juré de ne plus critiquer la méthode.
Patatras : trop de «ratages» et de déconvenues en 2004 ont eu raison de ces bonnes intentions. L'année avait pourtant bien commencé, avec la suspension surprise décrétée par Jacques Chirac de la taxe professionnelle sur les nouveaux investissements. Mais ensuite, que de déconvenues ! La réforme de l'ASS décidée par le gouvernement puis annulée, les recalculés et les intermittents – ce qui a donné le sentiment aux partenaires sociaux qui gèrent l'Unedic qu'ils avaient «mal travaillé» –, le pas de deux sur l'étalement de la hausse du smic et le coup de canif aux baisses de charges inscrites dans la loi Fillon... Et pour clore le tout, l'aller-retour express sur la définition du licenciement : il a suffi que les syndicats froncent les sourcils pour que le texte ne fasse plus référence à la «sauvegarde de l'entreprise». Unanimes comme ils le sont rarement, les chefs d'entreprise ont été exaspérés par cette «peur des mots symboles».
On croyait la confiance définitivement rompue. En tournant la page des 35 heures, sans toucher à la durée légale, mais par la négociation, en remettant la balle dans le camp des branches et des entreprises, Jean-Pierre Raffarin a effacé ces mois de doute et de colère. Jusqu'au prochain accident ? Le 18 janvier, en tout cas, ce sont des chefs d'entreprise vigilants mais ragaillardis qui se rassembleront au Zénith, à Paris. Pas d'invité de marque à cette assemblée générale que le Medef a voulu «très terrain». Une vingtaine de chefs d'entreprise y témoigneront de leur espoir et de leurs «valeurs». Mais pas question de larmoyer ! C'est un climat «tonique» que le Medef veut afficher, pour entraîner la société française. Le message adressé mardi dernier par Ernest-Antoine Seillière en présentant le traditionnel «Cartes sur table» se veut sans ambiguïté : «la France peut s'en sortir» pour peu qu'elle traque «sans tabou» ses faiblesses, et qu'elle se tourne vers l'avenir en capitalisant sur ses forces.
Qui eut parié sur un tel virage à l'automne dernier ? Seillière qui entame sa dernière année de présidence après deux mandats de cinq et trois ans, comme l'y autorisent les statuts, veut que sa dernière assemblée générale témoigne de la «fierté d'entreprendre». C'était déjà son ambition quand en 1998, il a transformé le vieux CNPF en Medef. Et c'est l'héritage qu'il veut léguer.
(Source : www.lefigaro.fr)
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