Opérateurs privés de placement, ou la charrue avant les bœufs

Mercredi, 29 Juillet 2009 09:09
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En matière d'accompagnement renforcé et de son effet sur le retour à l'emploi des chômeurs, plusieurs études ont déjà montré que le public est non seulement moins cher mais plus efficace que le privé. Mais le gouvernement s'entête, sans même attendre les résultats d'une nouvelle évaluation qui sera finalisée en septembre.

Dans un entretien au Parisien, lundi 27 juillet, le secrétaire d'Etat à l'emploi Laurent Wauquiez a confirmé que l'Etat envisageait de confier jusqu'à 250.000 chômeurs à des opérateurs privés de placement (OPP) chaque année, soit 10% des demandeurs d'emploi. Mais le fait que des entreprises privées épaulent le service public de l'emploi n'est pas une nouveauté. En 2007, ce dernier a confié 82.776 personnes à 17 OPP. Avec quel bénéfice pour les chômeurs ? Voilà qui est justement en cours d'évaluation.

En 2007, l'ANPE et l'Unedic ont cherché à savoir quels étaient les résultats "des prestations d’accompagnement renforcé", dans le public et dans le privé, des demandeurs d’emploi présentant des risques de chômage de longue durée. Ils ont commandé, sous l'égide de la DARES, une vaste évaluation quantitative à une équipe de chercheurs de l’Ecole d’économie de Paris (EEP) et du Crest.

Deux types d’"accompagnement renforcé" ont été étudiés. L'un public, appelé "Cap vers l'entreprise" (CVE), qui consiste à donner à un demandeur d'emploi un accompagnement "davantage personnalisé et intensif" pendant une période de 6 ou 9 mois. L'autre, mené par un opérateur privé de placement (OPP). Le but de l'étude était de déterminer "l’impact d'un accompagnement renforcé" au regard du surcoût qu'il engendre. "Dans le cadre du CVE ou d'un accompagnement par un OPP, un conseiller suit 40 à 50 demandeurs d'emploi, contre 120 à 200 pour un conseiller dans l'accompagnement classique", explique Luc Behaghel, chercheur à l'EEP (INRA) qui participe à l'étude.

Les chercheurs ont comparé le taux de retour à l'emploi de 220.000 chômeurs issus de différentes catégories. Un premier groupe sélectionné aléatoirement bénéficiait du programme CVE. Un deuxième groupe a été confié à des OPP. Enfin un troisième groupe, dit "de contrôle", bénéficiait des prestations classiques du service public de l'emploi.

Les résultats préliminaires montrent que la plus-value de l'accompagnement renforcé des CVE est supérieure à celle des OPP pour les chômeurs comparables indemnisables pendant un an. Mais ces résultats ne sauraient être "statistiquement représentatifs, compte tenu de la marge d'imprécision entourant ces premières estimations", nuance le rapport préliminaire... Les résultats définitifs ne seront communiqués qu'en septembre.

(Source : Le Monde)


Et les grands gagnants du concours sont… Sodie (groupe Alpha) et Manpower :



Mardi 6 octobre, rapport a été rendu et confirme que les performances du privé sont inférieures pour un coût plus élevé... Mais, tant pis : les jeux sont faits.


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Mis à jour ( Jeudi, 09 Décembre 2010 01:39 )