Depuis lundi, les quelque 38 millions d'assurés sociaux de plus de 16 ans ont commencé à recevoir de leurs caisses d'assurance-maladie des formulaires personnalisés d'inscription auprès de leur futur médecin traitant. Ils devront l'avoir choisi avant le 1er juillet, sous peine de ne pas être remboursés au tarif "Sécu". Mais dans le même temps, les opposants à cette mesure, et en particulier aux dépassements d'honoraires des spécialistes, ont commencé à se faire entendre.
Un vent de colère a d'abord soufflé dans les rangs du principal syndicat de médecins généralistes, MG France, farouche opposant à la convention médicale qui doit être signée avant le 15 janvier par l'assurance maladie et trois syndicats de médecins - la CSMF (1er syndicat des médecins libéraux), le SML et Alliance. Très remonté, son président le Dr Pierre Costes a même demandé aux praticiens "de surseoir au renvoi" aux caisses d'assurance maladie des formulaires d'inscription de leurs patients. MG France ne décolère pas contre un dispositif qui revient, selon lui, à soigner "plus cher, plus vite, et seulement pour certains", et appelle les médecins à participer à la "marche contestataire" organisée le 22 janvier à Paris par un syndicat d'internes en médecine générale, l'ISNAR-IMG.
Une initiative moins attendue a été prise par deux médecins-écrivains, les Dr Martin Winckler et Christian Lehmann, qui ont lancé une pétition, déjà signée par 2.500 médecins et patients. Pour eux, tout comme le Syndicat national des jeunes médecins généralistes, il est urgent de se mobiliser "contre les mensonges d'une réforme dont le ministre de la Santé cache obstinément les conséquences". Car la réforme ne donne aucun moyen aux généralistes de la faire fonctionner et ne fera rien d'autre que "mettre en place un accès aux soins dépendant des revenus", estiment-ils. Au final, la réforme sera un échec et "ouvrira la porte aux assurances privées".
Un autre front de contestation est venu de la CFDT, qui préside la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) : dénonçant le spectre d'une "médecine à deux vitesses", son secrétaire général François Chérèque a annoncé vendredi que son syndicat émettrait "un avis critique" sur la convention au Conseil d'administration de la CNAM.
Le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF - majoritaire), le Dr Michel Chassang s'est dit "scandalisé" par la réaction de MG France contre le dispositif du médecin traitant, soulignant que ce syndicat "ne saurait être assimilé à l'ensemble des généralistes" et a a "appelé la communauté généraliste à ne pas céder à ces sirènes et à accueillir les patients qui leur demandent d'être leur médecin traitant".
Quant au secrétaire d'Etat à l'Assurance maladie Xavier Bertrand, soucieux de déminer le terrain, il doit rencontrer la semaine prochaine professionnels de santé et associations d'assurés...
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