Convoquer plus pour radier plus

Vendredi, 30 Mars 2012 11:22
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SUD-Emploi dénonce les convocations en masse et l'instrumentalisation de Pôle Emploi à des fins électoralistes.

Les chiffres du chômage, en constante augmentation, ont été dévoilés dix heures avant l’heure officielle de leur publication par le candidat/président Nicolas Sarkozy. Ce dernier les a commentés, y voyant “une baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs”.

En réalité, le chômage continue inexorablement de s’aggraver alors que le patronat met en suspend des plans de licenciement (500.000 salariés seraient concernés) pour ne pas affaiblir politiquement celui qui leur a tant donné depuis 5 ans.

La supposée baisse “tendancielle” est l’arbre qui cache la forêt. Cette “légère modération” de l’augmentation du chômage résulte de l’instrumentalisation sans précédent de Pôle Emploi pour défendre les intérêts de l’actuel président.

Les moyens utilisés

Pour bien comprendre, il faut avoir en tête que plus on augmente le nombre de convocations, plus on génère de radiations pour absence à convocation. La procédure est automatique et générée par défaut. L’effet est mécanique, et bien connu des politiques.

Nous dénonçons la pratique consistant à multiplier les convocations de demandeurs d’emploi à l'approche d'une échéance électorale, dans un contexte de rareté des offres d’emploi et de formation.

Ainsi, depuis le début de l’année, des programmes de réception ciblés ont été mis en place suite au mini “sommet pour l’emploi” mis en scène par le gouvernement en janvier :

• La réception des “jeunes” privés d’emploi dans un programme nommé “ANI” a pour objectif d’en placer un maximum (afin de les faire disparaître des statistiques du chômage) sur des contrats précaires type CAE financés par l’Etat pour suppléer le besoin en main d’œuvre des entreprises et services publics pour lesquels de l’argent des contribuables a été mobilisé.

La réception systématisée des demandeurs d’emploi de “très longue durée” (DETLD) avant le mois de juin fleure bon l’opération préélectorale. Là aussi, des radiations vont partir automatiquement pour les absents, sachant que le but de l’opération est de les envoyer pour la énième fois sur des prestations sous-traitées. Les directions régionales ont donné des ordres pour que ces prestations soient réservées aux privés d'emploi étiquetés “plan DETLD”. De ce fait, les autres demandeurs d'emploi se trouvent exclus des ces mêmes prestations, victimes d'une discrimination pleinement assumée.

• En même temps, et alors que la nouvelle convention tripartite applicable au 01/01/2012 signe la fin du suivi mensuel personnalisé (SMP), celui-ci est toujours d’actualité, avec une pression colossale exercée par les directions régionales afin de tenir des objectifs de réception infernaux pour lesquels sont utilisés les rendez-vous “téléphoniques” (illégaux), voire la réception par groupes entier ! Objectif : convoquer plus pour radier plus...

Du temps de l’ANPE, une certaine forme de manipulation existait en période électorale. Mais cette fois-ci cela dépasse, et de loin, tout ce que l’on a connu.

Une pression inacceptable

SUD-Emploi dénonce cette instrumentalisation de Pôle Emploi qui s’exerce au détriment des intérêts fondamentaux des privés d’emploi et des agents de l'organisme, usés par trois années de fusion ANPE/Assedic à marche forcée, mis sous pression de manière inacceptable par la direction.

La politique insensée de radiation systématique a manqué de peu de provoquer un drame sans précédent à Dieppe (Seine-Maritime) où un privé d’emploi a menacé de s’immoler par le feu après s'être aspergé d'essence dans son agence. Il avait reçu une radiation pour absence… à entretien téléphonique. C’est grâce à la réaction professionnelle et courageuse de l’équipe de Dieppe, direction et agents, que le pire a été évité.

Cette instrumentalisation sans précédent de Pôle Emploi et des privés d'emploi à des fins électoralistes est inacceptable. Elle est dangereuse pour la démocratie et les droits des citoyens. Cette utilisation détournée de Pôle Emploi est aujourd'hui facilitée par le fait que plus de 80% du personnel est sous statut privé.

Nous revendiquons le retour à un statut public de l'ensemble du personnel de Pôle Emploi, seul garant d'un service public neutre, au service de ses usagers et non de l'intérêt d'un candidat à la présidence de la République.

SUD-Emploi

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Mis à jour ( Vendredi, 30 Mars 2012 13:34 )