PSA : Les assistés ne sont pas ceux que l’on croit…

Vendredi, 24 Juin 2011 10:58
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C'est l'incertitude pour les salariés de PSA : si les responsables du groupe ont démenti les rumeurs de fermeture de deux sites en France, ils ont refusé tout engagement écrit quant à leur avenir.

Commençons par rétablir une vérité simple. Une personne seule, sans emploi, bénéficiaire du RSA, perçoit 467 € par mois. Cette somme, modique, lui laisse environ 15 euros par jour pour vivre, payer son loyer, se déplacer... C’est pourtant déjà trop aux yeux de la bienséance libérale, en campagne contre le chômeur «assisté» et fraudeur.

Philippe Varin, lui, émarge selon la CGT, à «9.000 euros par jour». Cette coquette somme fait du patron de PSA un entrepreneur méritant, récompensé des «risques» qu’il prend pour élaborer en cachette un plan secret qui conduit à la fermeture de deux usines en France : Sevelnord en 2013 (2.600 salariés) et Aulnay-sous-Bois courant 2014 (3.600 salariés, dont 300 intérimaires). «La direction cherche à gagner du temps. Elle veut fixer un nouveau calendrier de travail en juillet, peste Bruno Lemerle, délégué CGT. Elle nous dit qu’elle gagnerait plus dans un pays low-cost. Mais PSA a gagné plus d’un milliard d’euros en 2010 !»

La situation est totalement indécente. Elle l’est d’autant plus que PSA, comme beaucoup de champions du CAC 40, vit sous assistance des deniers publics. Au nom de quoi, il faudrait considérer comme normal d’accorder une aide de 3 milliards d’euros au constructeur automobile quand la crise vient faucher son carnet de commandes, et aberrant de porter assistance au salarié qui perd son emploi. L’assurance chômage a précisément été créée pour continuer de subvenir à ses besoins quand un coup dur arrive. Elle n’est pas parfaite mais repose sur une idée généreuse : celle d’une société solidaire, où la force du collectif permet à chacun d’avoir les moyens de relever la tête.

Le fardeau pour les finances publiques, ce n’est ni le chômeur qui touche le RSA, ni le malade dont les soins sont remboursés à 100% par la Sécu, ni le retraité qui a bossé toute sa vie pour pouvoir vieillir en paix... Le boulet du déficit public est plutôt à chercher du côté des « assistés patronaux ». Les seules exonérations de cotisations sociales (allègements généraux dits «pour l’emploi») représentent un trou de plus de 21 milliards d’euros dans les caisses de l’État en 2011. Prévert aurait pu écrire un poème avec l’inventaire des aides financières accordées aux entreprises (plus de 170 milliards par an de niches fiscales, sociales et autres «dispositifs dérogatoires»). Mais il aurait peiné à coucher sur le papier la somme des contreparties exigées en échange en termes d’emploi, d’investissement, de recherche ou de salaire... Quant à la fraude patronale, elle oscille entre 8 et 16 milliards d’euros par an, mais ce n’est pas celle que l’on pointe du doigt.

Les patrons du CAC 40 ont finalement beaucoup de droits. Et peu de devoirs. Les chômeurs, les petites gens, eux, n’auront bientôt plus que des devoirs... Or, le droit a été inventé pour protéger les plus faibles de la domination des puissants. Quand l’UMP lance une campagne sur « les droits et les devoirs », la droite lance la roue à contre-courant de la démocratie.

Paule Masson pour L'Humanité

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Mis à jour ( Vendredi, 24 Juin 2011 11:12 )