La «maladie» du chômage : Un tabou brisé

Samedi, 07 Novembre 2009 20:22
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Il n'y a pas que le travail qui rend malade : le chômage aussi. Dans sa série "7 minutes pour une vie", le Magazine de la Santé de France 5 s'est intéressé, du 2 au 6 novembre, aux conséquences de la perte d'emploi sur la santé des individus, offrant d'eux au passage une image aussi juste qu'inhabituelle.

Enfin une émission qui, faute d'aborder le chômage sous son aspect purement économique (car telle n'est pas sa vocation…), ose donner longuement la parole à des salariés en train de perdre leur emploi ou à des personnes qui l'ont perdu et goûtent aux "joies" de la précarité, tant vantée par la patronne du Medef... Parole libérée et scrupuleusement respectée, puis analysée avec pertinence par les psychiatres Christophe Dejours et Sylvie Quesemand-Zucca. De quoi, espérons-le, briser quelques idées reçues et faire évoluer les mentalités.

Loin de la propagande usuelle, fallacieuse et hautement toxique sur les chômeurs qui seraient coupables de leur situation et, de surcroît, des "fainéants" et des "assistés", rappelant à juste titre que ces gens sont plutôt les victimes d'un sort qui est tout sauf enviable, les conséquences sanitaires et psychiques de la perte d'emploi sont ici décortiquées.

En plein débat sur la souffrance et les suicides au travail, à l'opposé d'un misérabiliste "épouvantail à salariés" qui les inciterait à se soumettre et rejoindre la cohorte des "bourreaux victimes" afin d'échapper au pire, ce reportage est, au contraire, une véritable dénonciation qui tombe à pic pour rappeler que notre société n'accorde plus au travail sa soi-disant "valeur" tant prônée par le candidat Sarkozy (aujourd'hui le travail est hautement méprisé et, surtout, ne paie plus) et dire qu'il est peut-être temps de s'interroger sur sa signification profonde, ainsi que sur la place qu'on a laissée à l'humain dans notre système désastreux, gangréné par la finance et la spéculation mondialisées.

Car, après s'être débarrassées de leurs salariés, les entreprises se dédouanent de leurs responsabilités : le coût du chômage (indemnisation, déficit des recettes de la protection sociale, baisse des rentrées fiscales des communes et de l'Etat, etc…) pèse sur la collectivité. La plupart des pathologies surgissent ensuite une à une et les chômeurs, déjà accablés par le jugement inique que la collectivité porte sur eux sont, en plus, livrés à eux-mêmes. Il s'agit pourtant d'un enjeu de santé publique dont les pouvoirs publics négligent l'ampleur.

Voici dans son intégralité les cinq épisodes de cette série :


Les témoignages de Sophie et Patricia, chômeuses de longue durée.


Les conséquences d'un plan social sur la santé des salariés concernés.


La violence au travail, la perte de solidarité et leur impact sur la vie privée.


Comment, seul, on tente de faire acte de résilience.


Il devient urgent de rétablir du lien social et de nouvelles valeurs...

Nous remercions Isabelle, Jean-Pierre, Eliane et Martine d'avoir traité ce sujet avec honnêteté et anticonformisme, ainsi que toute l'équipe du Magazine de la Santé, cet "ovni du paf" dont nous apprécions le sérieux et qui nous a offert l'opportunité de tenir un autre discours — celui de la vérité qu'on élude — sur le chômage et ceux qui le subissent.

La rédaction d'Actuchomage

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