Mieux encadrer le crédit aux pauvres

Mercredi, 17 Décembre 2008 17:55
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Christine Lagarde, notre ministre de l'Économie, et Martin Hirsch, notre Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, ont lancé des «travaux de concertation» destinés à préparer une prochaine réforme du crédit à la consommation afin de protéger les miséreux contre la tentation consumériste qui les mène droit au surendettement.

[...] Le problème, c'est qu'il y a toujours eu des règles et des procédures pour éviter les "abus" dans ce secteur d'activité, et ça n'a jamais empêché la profession de faire n'importe quoi. Et tout ça pourquoi ? Grâce à la fameuse loi de la concurrence qui apporte chaque jour le bonheur dans la vie de tas de gens qui n'attendaient que ça.

Laisse moi t'expliquer. Je n'ai pas encore exploité toutes les ressources d'un passé professionnel assez chaotique dont je t'ai déjà narré ici les différents épisodes et les conclusions qu'il fallait en tirer rapport à la merde dans laquelle on est. Parce qu'il se trouve que j'ai commencé ma carrière professionnelle comme vendeur de crédit à la consommation !

Oui je sais quel bâtard ! Je te rassure c'est pas le pire que j'ai fais mais je garde le meilleur pour ma fin.

Enfin pour être honnête je le vendais pas vraiment, le crédit. Je te raconte le contexte.

[...] On obtient une situation où tout le monde a intérêt à mal faire son travail. C'est à dire pour le directeur du magasin l'obligation de vendre à des clients solvables, ce qui réduit les acheteurs potentiels, et pour les banquiers de travailler avec des clients honnêtes, des responsables de magasin vraiment responsables. Alors, et c'est vrai pour pas mal de truc, tu peux toujours mettre en place les règles que tu veux, il faut que chaque acteur économique soit dans une situation ou il peut vraiment les respecter.

En plus des règles ils en ont pas vraiment besoin. Pourquoi crois-tu que les taux de crédits à la consommation sont si élevés ? Parce que se sont des prêts à risque permettant aux emprunteurs de réaliser des achats de type "impulsifs" (ça m'a toujours fait marrer cette appellation genre : tu rentres dans un magasin pour acheter une ampoule et tout d'un coup t'as une furieuse envie de t'acheter une machine à laver). Les pertes, provoquées par les mauvais payeurs, seront comblées par les intérêt versés par les autres.

Et oui en quelque sorte si toi tu rembourses gentiment ton prêt, tu payeras en fait pour les insolvables à qui ton organisme de crédit a connement prêté de l'argent. Donc, si tu réfléchis bien (et t'as intérêt sinon je te parle plus), si on ne prête qu'aux gens solvables et "raisonnables" on n'a plus besoin de taux de crédits si élevés. Limite on va prêter de l'argent à ceux qui ont pas besoin de crédit.

[...] On fait des crédits au gens qu'ont pas de tune. Le mec qui claque 18% d'intérêts c'est celui qui peut pas faire autrement, comme celui dont les gosses ont les pieds qui dépassent du lit et qu'a besoin de changer de literie. Si il peux pas faire autrement c'est qu'il a toute les chances de pas pouvoir le rembourser à l'avenir parce qu'après la chambre des gosses c'est la machine à laver qui va merder. On peux pas se passer de machine à laver aujourd'hui hein ?!

[...] Ce qui fait qu'un pauvre va dépenser plus qu'un riche pour le même produit.

On dirai que ça arrange tout le monde. Les patrons qui modèrent les salaires pour se faire plus de marges, ou pour être plus compétitifs aussi ça dépend, mais qui arrivent tout de même à trouver des débouchés pour leurs produits, et les organismes de crédits qui se font du blé parce que les mêmes salariés n'ont pas assez d'argent pour acheter comptant. Ça serait exprès que ce serait presque beau !

Alors tu vois, l'ambition du gouvernement de vouloir "moraliser" la profession, ça me fait un peut marrer. [...]

=> LIRE TOUT L’ARTICLE — savoureux ! — d’El Ryu…

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