Franchises médicales : la lutte continue

Dimanche, 13 Avril 2008 05:00
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Après les rassemblements organisés samedi dans plusieurs villes de France contre les franchises médicales, les associations de patients, "extrêmement déçues" par la réponse que leur a réservé le ministère de la Santé, ont fait savoir qu'elles prévoyaient, dans les deux prochaines semaines, d'occuper les locaux de plusieurs Caisses primaires d'assurance maladie.

Il s'agira "d’occuper des bâtiments" dans les "15 jours" à venir, a déclaré à Bruno-Pascal Chevalier, ce malade du sida qui effectue depuis sept mois une grève des soins pour dénoncer le principe des franchises. Il a dit ne pas pouvoir fournir plus de détails, précisant qu'il s'agissait "pour l'instant d'une proposition de malades de province".

A l'appel du Collectif national contre les franchises, qui réunit près de 70 associations et partis politiques de gauche, des centaines de personnes se sont réunies dans 19 villes de France samedi pour déposer des boîtes de médicaments vides devant les préfectures et, à Paris, le ministère de la Santé. Alors que la préfecture de police de Paris recensait 200 personnes devant le ministère dans le VIIe arrondissement de la capitale dans l'après-midi, les associations parlaient de 500 manifestants. A Toulouse, une cinquantaine de personnes s'étaient rassemblées samedi matin place du Capitole. La préfecture du Bas-Rhin comptait 60 manifestants à Strasbourg, celle du Gard 20 à Nîmes, par exemple.

Une délégation du Collectif a été reçue par des conseillers techniques de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, mais Frédéric Bladou, d'Act Up-Paris, a jugé cette rencontre "extrêmement décevante", affirmant lui aussi que des actions seraient lancées au niveau des CPAM dans les prochaines semaines. "C’était le jeu de rôle habituel", a ironisé le Dr Christian Lehmann, initiateur du Collectif. "Des attachés techniques sympathiques et de bonne foi ont tenté de nous convaincre à la fois de leur humanisme et du fait qu'on n'était pas en train de détruire un système d'assurance maladie solidaire".

(...) Selon Frédéric Bladou, les franchises sont "l’arbre qui cache la forêt". "Les franchises ne sont qu'un élément d'une politique de casse", renchérit le Dr Lehmann, évoquant "les déremboursements, les dépassements d'honoraires" et, "demain, la remise en cause de la prise en charge des affections de longue durée (ALD)".
"C’est le principe même de la solidarité et de l'égalité de l'accès aux soins et à la santé, tel qu'il était au départ, qui est remis en cause par les franchises médicales. Et c'est la porte ouverte aux assurances privées", a estimé de son côté Guy Molinier, membre d'Act Up-Toulouse et du Collectif toulousain contre les franchises. Le nouveau maire de Toulouse, le socialiste Pierre Cohen, qui s'est joint au rassemblement dans sa ville, a dénoncé une "taxe à la maladie" et "les choix d'une société libérale qui casse tout, notamment l'éducation et la santé".

"Sur les courriers et les feuilles de remboursement, il n'est même plus écrit Sécurité sociale mais Assurance sociale. Bientôt, on ne parlera plus que d'assurance, puis d'assurance privée", expliquait Monique Rançon, retraitée militante venue défendre à Toulouse "l’esprit de cet organisme paritaire". De son côté Victor Alava, infirmier en cardiologie, a défilé en blouse blanche place du Capitole : "Pour les familles qui ont des difficultés financières, le budget santé risque d'être écarté parce qu'il n'est pas considéré comme une priorité, et cela au détriment de leur propre santé. C'est pire encore avec les franchises médicales".

(Source : La Tribune)

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