Faut-il réduire le nombre des fonctionnaires ?

Dimanche, 25 Mars 2007 08:49
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Selon un sondage Ipsos pour le journal «La Gazette des Communes», les Français sont très partagés sur la réduction du nombre de fonctionnaires, même s'ils sont majoritairement favorables à une réforme de la Fonction publique au cours de la prochaine législature.

A l'heure du «papy boom» et de la campagne électorale, la question du remplacement des fonctionnaires "divise profondément la société française", puisque 52% des personnes interrogées "souhaitent que l'on remplace presque tous les fonctionnaires qui partent à la retraite" tandis que 46% émettent un avis opposé. Ils sont 51% à estimer qu'une réduction du nombre de fonctionnaires "entraînerait une dégradation de la qualité du service rendu" contre 13% qui jugent, au contraire, qu'elle "aboutirait à une amélioration". Et 34% pensent que "cela ne changerait rien"...

Pour 79% d'entre eux, une réforme de la Fonction publique doit être l'un des dossiers "importants" de la prochaine législature ; 29% estiment que c'est une "priorité" ; 20% trouvent cela plutôt "secondaire".

Le sondage montre une fois de plus que les Français sont attachés à leur Fonction publique ainsi qu'à la sécurité de l'emploi qu'elle est susceptible d'offrir : face à la précarité galopante, 77% des personnes interrogées encourageraient leur enfant à devenir fonctionnaire s'il le souhaitait, un "chiffre qui franchit des pics chez les employés (86%), les ouvriers (80%), les 18-34 ans (84%)". Enfin, 52% des sondés "jugent la qualité de service de la Fonction publique et des fonctionnaires meilleure que chez nos partenaires de l'Union européenne" alors que 25% seulement pensent le contraire.

La grande réforme ? Un faux débat !

Pour alléger la dette de l'Etat, il est inévitablement préconisé de «dégraisser» la Fonction publique. Certes, les exemples consternants d'aberrations et de gaspillage ne manquent pas : un grand nettoyage serait sûrement nécessaire... mais pas forcément là où on l'imagine.

Car le dégraissage du "mammouth" prôné par les «experts» et dirigeants de tous bords se focalise essentiellement sur les postes les plus indispensables (employés de la santé, de l'éducation, des collectivités… proches des besoins des Français) dont les salaires sont raisonnables voire modestes, alors qu'il élude les plus hauts placés, dont certains sont de véritables «planqués» aux rôles ou aux compétences contestables mais qui évoluent grâce à un système de caste où ils sont intouchables, disposent de logements et de voitures de fonction malgré leurs gros émoluments. Bref : on évite de mettre l'accent sur ce qui est vraiment ruineux et improductif.

Il va sans dire que ceux qui ont le pouvoir (députés, sénateurs, hauts fonctionnaires…) tiennent à garder leurs privilèges tout en demandant à ceux qui en ont moins (les fameux "régimes spéciaux" de retraite, par exemple…) ou pas du tout de se sacrifier «au nom de la dette». Et quand la Fonction publique se rebiffe, on fait croire ainsi que la France est un pays impossible à réformer... Mais comment voulez-vous que des réformes injustes - car à sens unique - puissent être acceptées alors que nos dirigeants sont les premiers à refuser de les appliquer à eux-mêmes ? Les Français ne sont pas dupes !

Donc, pour dégraisser le mammouth, il faut commencer par le haut. Car, comme disait George Clémenceau, "Les fonctionnaires sont un peu comme les livres d'une bibliothèque : ce sont les plus hauts placés qui servent le moins." Mais hélas ce sont aussi eux qui décident, et si l'on doit déplorer «l'immobilisme des Français» (le peuple a bon dos…), il faut avant tout pointer l'immobilisme de nos élites. Une vraie réforme de la Fonction publique qui allègera l'Etat et gagnera en performance ne passera que par la justice des mesures envisagées, de haut en bas et non de bas… en bas.

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Mis à jour ( Dimanche, 25 Mars 2007 08:49 )