Un contrôle DDTE particulièrement odieux

Lundi, 12 Mars 2007 09:15
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Satya, 53 ans, vient de perdre son mari. Chômeuse de longue durée, handicapée et très éprouvée par son deuil, elle a été reçue pour un contrôle à la DDTEFP de la façon la plus inhumaine qui soit et sans que l'issue de cet entretien ne lui soit précisé (1) par une contrôleuse qui a la réputation de ne pas hésiter à radier des handicapés. Risquant une sanction aussi injuste que malvenue qui rajoute un stress supplémentaire à sa situation déjà éprouvante, voici le courrier qu'elle a rédigé pour révéler au plus grand nombre le zèle de cette fonctionnaire.

Madame, Monsieur,

Suite à ma convocation hier à la Direction Départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle par Madame M*******, je vous fais part de plusieurs parties de notre entretien qui m’ont profondément choquée.

Dès le début, lors de l’inscription de mon état civil, je lui ai annoncé mon récent veuvage. Elle m’a demandé, sans aucune expression de condoléances, si j’avais bien déclaré aux Assedic les jours d’absences (2) pendant lesquels je n’ai sûrement pas pu faire des recherches d’emploi effectives puisque j’avais bien «dû faire la garde malade».

Dans le cours de l’entretien, elle me demanda également si l’ANPE m’avait fait des offres d’emplois. Je lui ai donc répondu aucune, puisque j’ai un dossier Cotorep et que je suis suivie mensuellement par Cap Emploi. Elle m’a annoncé qu’elle ne reconnaissait aucunement Cap Emploi ou tout autre organisme, que seule l’ANPE comptait dans les démarches... Or Cap Emploi m’accompagne régulièrement, y compris en dehors du contrôle mensuel (3) ; de plus, c’est bien Cap Emploi qui m’a permis jusqu'à présent de décrocher des entretiens.

Ensuite, j’ai été profondément choquée par sa vision de mon «handicap», et le fait que j’aie une reconnaissance d’handicapée Cotorep B (qui est le second échelon d’handicap) ne lui était d’aucune importance. Cette fonctionnaire n’a aucune connaissance médicale et s’est mise à me parler d’arthrose qu’elle avait à un doigt et que cela allait passer (4). Par conséquent, elle considérait que je dois proposer mes services pour du travail de manutentionnaire. Quand je lui ai dit que je ne pouvais pas rester debout plus d’une heure, elle m’a répondu qu’il existait des emplois assis. Quand je lui ai dit que parfois je n’avais plus l’usage de mon bras droit, elle m’a répondu qu’il y avait toujours la possibilité de trouver un emploi de manutentionnaire pour mon état de santé ; qu’il était essentiel de demander et de trouver n’importe quel emploi, ce à quoi je lui ai répondu que cela serait malhonnête face aux employeurs.

Elle a rajouté que j’aurais dû m’inscrire à toutes les agences intérim sans leur parler de mon dossier Cotorep et me proposer pour d’autres emplois que le secrétariat, la comptabilité ou la traduction, d'élargir mes recherches à des emplois de manutentionnaire ; de même que j’aurais dû envoyer un courrier à tous les employeurs du département. Je lui ai répondu que cela serait du harcèlement pour les employeurs et que ma recherche d’emploi était structurée, journalière et ciblée, menée de façon constructive afin obtenir un emploi car je n’avais aucun soutien familial et que depuis longtemps je vivais essentiellement de mon travail.
J’ai également mentionné que j’avais fait trois traductions bénévolement pour une association écologique afin de maintenir mes connaissances : elle m’a rétorqué que faire du bénévolat empêchait de faire des recherches d’emploi de façon intensive, et que cela devait être déclaré aux Assedic.

Je suis actuellement dans une situation émotionnelle et financière vraiment difficile et je suis choquée par une telle attitude. Ce manque de respect face à la mort, face au handicap est une insulte à mon humanité.

Vous en souhaitant une bonne réception, veuillez recevoir Madame, l’expression de mes sincères salutations.

(1) "Si vous recevez un courrier c'est mauvais signe, si vous ne recevez rien alors tout va bien…", lui a-t-on dit. D'ici trois semaines, elle saura si on lui coupe les vivres ou si on lui ôte 20% de son allocation pendant plusieurs mois.
(2) Les chômeurs ont droit à 35 jours de congé par an qu'ils doivent déclarer à l'Assedic.
(3) Le réseau Cap Emploi est bien un co-traitant de l'ANPE conventionné par l'Agefiph.
(4) Cette contrôleuse met en doute les évaluations de la Cotorep. Pourtant, Satya est handicapée moteur (inopérable) et sa souffrance physique (colonne vertébrale) est permanente.

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Mis à jour ( Lundi, 12 Mars 2007 09:15 )