Royaume-Uni : une "génération perdue"

Mercredi, 13 Décembre 2006 16:22
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Voilà la face cachée du Nouveau Labour. Selon des statistiques enfouies dans les bureaux de l'administration, 1,24 million de Britanniques âgés de 16 à 24 ans ne font strictement rien : ils ne sont ni à l'école, ni au travail, ni dans un centre de formation professionnelle. L'opposition conservatrice, qui blâme le déclin de la famille, parle de "génération perdue". Ce sont des chiffres officiels arrachés à l'Office national des statistiques.

Il existe maintenant 1,24 million de jeunes Britanniques, âgés de 16 à 24 ans, qui ont entièrement disparu de la carte : ils ont quitté l'école, n'ont pas encore pénétré dans le secteur de l'emploi et ont tourné le dos aux programmes de formation professionnelle lancés par le gouvernement travailliste. Loin d'être en voie de disparition, cette "génération perdue", ainsi que l'appelle l'opposition conservatrice, a augmenté de 15% depuis 1997 et l'arrivée au pouvoir de M. Tony Blair et de son "Nouveau Labour". Cette augmentation est plus marquée encore pour les jeunes de 16 à 17 ans : ils sont estimés à 216.000 contre 170.000 il y a dix ans.

Cette augmentation ne surprend pas M. Robert Cope, porte-parole du "Prince's Trust", une organisation charitable facilitant l'insertion des jeunes. "Si vous considérez les plus démunis, vous voyez que leur situation, relativement parlant, a empiré. Ils quittent l'école sans qualification, finissent en prison et le cercle vicieux continue. Certains sont complètement coupés du reste de la société."
La publication de ces chiffres tombe bien. C'est lundi que le parti conservateur de M. David Cameron a publié son rapport - une brique de 300.000 mots - sur la "fracture britannique". Ce document devrait servir de base dans les prochains mois à l'élaboration d'une nouvelle politique de la famille. Le rapporteur, M. Iain Duncan-Smith, déclare : "Nous avons devant nous un quart-monde (underclass) qui a perdu tout espoir de pouvoir s'élever au-dessus de sa situation. Nous ne voyons plus aucune mobilité sociale. L'enfant né d'une mère et d'un père pauvres a moins de chance de s'en sortir qu'à aucun moment depuis les années 70". "Nous avons essayé d'en trouver les causes. Nous avons étudié la crise des familles, l'endettement, l'abus d'alcool et de drogue, les échecs scolaires et aussi la dépendance économique et l'absence de travail et nous avons découvert que l'absence de vie familiale est cruciale, qu'elle est la cause d'échec scolaire menant à l'abus de drogue ainsi qu'à la dépendance économique."

Evoquant ensuite la crise qui frappe le système pénitencier, M. Duncan-Smith ajoute que "les trois quarts des détenus ont un problème avec la drogue ou l'alcool, qu'ils ont un quotient intellectuel équivalent à celui d'un enfant de dix ans et que 60% d'entre eux viennent de familles désunies ou inexistantes".

Cette génération oubliée ne se retrouve pas parmi les minorités ethniques ou religieuses toujours considérées comme brimées ou désavantagées. Selon le rapport, cette crise frappe la famille traditionnelle "anglo-saxonne". C'est le vieil électorat travailliste qui paraît avoir été oublié par le Nouveau Labour dans sa poursuite des classes moyennes. Cette crise de la famille qui, selon M. Duncan-Smith, coûte 20 milliards de livres sterling au pays, ne sera pas résolue par les grands discours, les programmes gouvernementaux ambitieux, les initiatives fracassantes familières au Nouveau Labour. Le rapporteur voit le salut dans l'action de petites organisations charitables; comme en économie, il se trouve dans les petites entreprises.

(Source : La Libre Belgique)

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