Le Medef veut réconcilier la jeunesse avec l'entreprise

Mercredi, 24 Mai 2006 16:34
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Suite au mouvement anti-CPE et la crise des banlieues, le Medef a présenté hier à la presse un rapport de douze pages élaboré par sa "Commission nouvelles générations", fruit de "six à sept mois de travail" qui reflète l'incompréhension totale de l'organisation patronale face à la jeunesse et tente d'ébaucher ses pistes pour "réconcilier" les jeunes "avec l'entreprise".

"La jeunesse est aujourd'hui au centre de toutes les interrogations", a assuré la PDG du Printemps Laurence Danon, qui a présidé cette commission. Une eau rance en valant une autre, c'est Mme Parisot, élue à la tête du Medef l'été dernier, qui lui avait alors confié ce "travail d'observation" pour "mieux comprendre les attentes" professionnelles d'une jeunesse confrontée à un taux de chômage de 22% chez les jeunes actifs.

Laurence Danon a donc brossé le portrait expéditif d'une jeunesse "individualiste", à l'"identité mal assurée" et au "vif sentiment de précarité" sur la base d'ouvrages parfois un peu datés, comme celui du prêtre et psychanalyste Tony Anatrella (Interminables adolescences, écrit il y a 18 ans), et d'auditions, notamment du sociologue Louis Chauvel ou du fondateur de Skyrock, Pierre Bellanger.

Le regard que porte le Medef sur "la révolte des étudiants et lycéens face à un CPE dont le licenciement non motivé pendant deux ans aggravait, selon eux, la précarité", est plutôt brouillé : "Le sens de l'épisode se dérobe", estime le rapport, tout aussi perplexe face à la crise qui a enflammé les banlieues à l'automne, des violences "pour ainsi dire privées de sens", symptôme d'un "profond malaise indéchiffrable"... Est-ce volontairement que le Medef se montre à ce point largué ?
Cerise sur le gâteau : "La France est l'un des rares pays où les jeunes n'ont pas de job pendant leurs études !", s'est inquiétée Mme Danon - vraiment à côté de la plaque, puisque les statistiques de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) stipulent que 48% des 2 millions d'étudiants français travaillent, justement, pour les financer...

Au chapitre des "propositions", le Medef recommande de "parler vrai" aux jeunes, notamment par "des blogs", et de ne "pas leur cacher" que "la flexibilité est indispensable". "Soyons imaginatifs !", conclut le rapport qui préconise, tout comme le gouvernement, de renforcer l'apprentissage et la formation, et d'améliorer l'orientation. Laurence Parisot va lancer sur ce thème une campagne de communication "avant l'été" : quelle imagination ! D'ailleurs, avec le mépris qu'on lui connaît, n'avait-elle pas déclaré l'année dernière que «la jeunesse est une maladie dont on finit par guérir» ? Pour ça, c'est sûr, on peut compter sur elle.

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Mis à jour ( Mercredi, 24 Mai 2006 16:34 )