"Métiers du grand âge" : difficile de susciter des vocations

Mercredi, 11 Mai 2005 14:09
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"Avez vous envie de travailler avec des personnes âgées ?" À la conseillère d'orientation qui les accueille dans le bus d'information sur "les métiers du grand âge", le groupe de jeunes filles délurées, élèves de BEP sanitaire et social, répond : "non", en choeur.

Agées de 15 à 18 ans, ces élèves du Lycée René Auffray à Clichy, se forment aux métiers du soin aux personnes et de la santé. Dans ce bus bleu, garé en face de la mairie de Clichy, les élèves ont accès à tout le matériel pédagogique proposé par le secrétariat d'Etat aux personnes âgées pour les convaincre de s'engager vers ces filières porteuses. Mais, à l'issue du stage de deuxième année en maison de retraite, elles "se rêvent plus en auxiliaire de puériculture" qu'en aide soignante dans un établissement pour personnes âgées. D'ailleurs, seuls 4% des 15-25 ans envisageraient un emploi de service auprès des personnes âgées, selon un récent sondage réalisé à la demande de la Fédération hospitalière de France (FHF).
C'est la raison pour laquelle le gouvernement organise une semaine d'information sur les métiers du "quatrième âge", espérant susciter des vocations auprès des jeunes pour répondre "aux énormes besoins liés au vieillissement de la société". "On estime à 70.000 le nombre d'emplois à pourvoir dans les trois ans", a souligné le secrétariat d'Etat, rappelant le vieillissement attendu de la population (1,1 million de plus de 85 ans aujourd'hui - 1,6 million en 2010).

Pour Hafida, qui vient juste d'effectuer un stage en maison de retraite, "les conditions de travail sont dures physiquement" et la lourdeur des horaires "donne à réfléchir". Mais, "on se sent très utile", concède-t-elle, "certaines personnes sont très dépendantes et on doit faire tout ce qu'elles n'arrivent plus à faire seules".
Personnes âgées ou petit enfance, peu importe, "ce qui m'intéresse, c'est d'aider les gens", explique Fouzia, qui ne fera son stage en maison de retraite que l'année prochaine. Mais une chose la dérange, c'est la proximité de la mort, "s'attacher à des personnes âgées qui peuvent partir". "Il faut être forte psychologiquement", estime son amie Sarah.

Pour leur professeur de Sciences et techniques médico-sociales, Marion Pouffary, ce n'est pas tant la mort qui pose problème que "ce qui la précède, les corps en souffrance". Aussi, son rôle est d'accompagner ses élèves qui peuvent avoir "des vécus de stage difficiles". Elle reste cependant optimiste : "beaucoup de jeunes filles arrivent en rêvant de travailler en crèche, puis elles revoient leur orientation parce qu'elles ne se trouvent pas assez actives", dit-elle, "et le relationnel auprès des personnes âgées est très riche, ça nourrit davantage".
La conseillère en formation, Sylvie Aghabachian, explique également qu'il existe de nombreuses "passerelles" entre les métiers, grâce à la valorisation des acquis de l'expérience (VAE), mais aussi entre les publics et les lieux d'exercices. "On peut changer", insiste-t-elle, "on peut commencer par s'occuper de personnes âgées puis d'enfants ou d'handicapés".

(Source : Voila.fr)

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Mis à jour ( Mercredi, 11 Mai 2005 14:09 )