Selon la Cour des comptes : 32.000 profs sans élèves

Vendredi, 11 Mars 2005 16:08
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Alors que les lycéens et les enseignants battent régulièrement le pavé pour dénoncer le projet de loi d'orientation sur l'Ecole, la Cour des Comptes jette un pavé sur le Mammouth. Selon un rapport publié dans "Le Figaro" (daté 11 mars), 97.000 enseignants sont occupés à d'autres tâches que de faire des cours, voire inoccupés ! Dans le même temps, le ministère de l'Education nationale supprime des postes...

Un enseignant, a priori, c'est fait pour enseigner dans une salle de classe devant des élèves. Mais c'est vrai qu'il y en a un certain nombre qui ne mettent jamais les pieds dans une école, qui ne voient jamais d'enfants ou qui ne consacre pas 100% de leur temps à l'enseignement. C’est ce que révèle le rapport accablant de la Cour des Comptes qui va relancer la polémique, en pleine période de grogne des lycéens et des enseignants. Un rapport confidentiel dont "Le Figaro" a publié la teneur vendredi (11 mars). Le texte a été remis début février par le président de la Cour, Philippe Séguin, au président de la commission des Finances de l'Assemblée, Pierre Méhaignerie, mais n'a pas été publié.

Il constitue un réquisitoire contre la gestion de l'Education nationale. Portant sur les 803.000 enseignants du primaire et du secondaire - soit l'équivalent de 665.000 temps plein, en comptant les temps partiels -, le rapport affirme que, mis à part les 10.000 congés de maladie et les 5.000 congés de maternité par an, 97.000 personnes (l'équivalent de 32.000 enseignants) "sont occupées à d'autres tâches que faire des cours ou ne sont pas occupées du tout".
On peut les diviser en trois catégories. Il y a d'abord les titulaires remplaçants, en surnombre, ou plus exactement dans le langage administratif : les titulaires sur zone de remplacement. Trop nombreux dans certaines disciplines, comme l'allemand ou la philosophie, ils restent chez eux durant des mois et des mois, en attendant que l'on ait éventuellement besoin d'eux pour un remplacement. Deuxième catégorie : les professeurs qui, au sein de l'Education nationale, ont des missions qui les éloignent des salles de classe. Alors là, pêle-mêle, on trouve les enseignants qui ont des décharges de cours pour enseigner dans les Instituts de Formation des Maîtres ou au Centre national d'éducation à distance, des profs qui sont détachés pour occuper des postes administratifs non pourvus. D'autres sont affectés à l'animation sportive ou au centre de documentation. Vous avez aussi les délégués syndicaux et les directeurs ou directrices d'écoles primaires qui peuvent bénéficier d'un allègement de leurs horaires de cours.
Enfin, dernière catégorie : les enseignants qui prennent le large. Ils ont mis à disposition d'associations ou d'institutions extérieures à l'Education Nationale. On en trouve un peu partout : dans des associations culturelles ou touristiques. A Paris, on en a à la Cité des Sciences et à l'Institut du Monde Arabe. Certains sont dans des mutuelles de la Fonction publique ou dans des Fondations.

Ça finit par faire effectivement beaucoup de monde hors des salles de classe ! Coût pour le contribuable de ces profs sans élèves : 1,5 milliard d'euros. Ce qui équivaut, écrit "Le Figaro", à la moitié du budget de la Culture.
Les syndicats d'enseignants n'ont pas tardé à réagir. D'abord le SE-Unsa qui "conteste le constat de la Cour des comptes" qui suggère, selon lui, "de manière grossière, que ces enseignants sont payés à ne rien faire". Dans un communiqué, il dénonce même une "manoeuvre". La FSU, principale fédération de l'Education, met elle en cause "le sérieux et l'innocence" du rapport.
De son côté, le ministère de l'Education nationale considère que le rapport de la Cour des comptes donne des chiffres réels, mais il conteste des "rapprochements et amalgames" déformant la réalité. S'agissant de ces 97.000 enseignants, "nous contestons essentiellement le chiffre de 32.000 enseignants 'sans classe et sans activités pédagogiques', qui regroupe des situations très différentes, qui mélange les deux problématiques et ne tient pas compte de tous ceux qui travaillent autrement", souligne-t-il.

(Source : www.rtl.fr)

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Mis à jour ( Vendredi, 11 Mars 2005 16:08 )