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La monnaie européenne a chuté vendredi après les déclarations d'un ministre italien pronant un retour à la lire.

Après la révélation par l'hebdomadaire allemand Stern d'une réunion tenue la semaine dernière au cours de laquelle des responsables allemands dont le ministre des finances et le président de la Bundesbank auraient évoqué la possibilité d'un «échec» de l'euro, l'Italien Roberto Maroni, ministre du Travail et des Politiques sociales, s'est prononcé vendredi matin en faveur d'un retour de la lire. Dans une interview au quotidien La Repubblica, il propose même la tenue d'un référendum sur le sujet en Italie. Pour ce membre de la très populiste et antieuropéenne Ligue du Nord, l'euro n'a pas su répondre aux problèmes posés par le ralentissement économique, la perte de compétitivité et à la crise de l'emploi.
Maroni cite le Royaume-Uni comme exemple vertueux d'un pays dont l'économie «croît et se développe, maintenant un contrôle sur sa devise». Et il écarte l'idée selon laquelle une sortie de l'euro équivaudrait à un désastre financier semblable à la crise argentine. «Nous allons déjà vers l'Argentine, c'est pour cela qu'il faut qu'on change de cap», affirme-t-il.
Bien que les vues de Maroni ne sont pas partagées par ses collègues en charge des affaires économiques, à commencer par le président du Conseil Silvio Berlusconi et son ministre de l'Economie Domenico Siniscalco, la déclaration de Maroni a fait chuter en quelques minutes l'euro à 1,2220 dollar, contre 1,2285 auparavant, avant qu'il ne retrouve ses niveaux précédents. «L'impact négatif pour l'euro a été de courte durée, parce que l'histoire de la fin de l'union monétaire commence à lasser les marchés, d'autant plus, en l'occurrence, que ces remarques ont été faites par un ministre notoirement hostile à l'euro», a commenté un économiste de banque interrogé sur le sujet.

«L'euro, c'est pour toujours», a affirmé vendredi à Bruxelles une porte-parole de la Commission européenne, en qualifiant d'«élucubrations» les déclarations d'un ministre du gouvernement italien évoquant la réintroduction de la lire en Italie. Lors de sa conférence de presse mensuelle jeudi, le gouverneur de la BCE Jean-Claude Trichet — que Maroni accuse d'être l'un des principaux responsables du «désastre de l'euro» — avait qualifié l'hypothèse d'un démantèlement de l'euro d'«absurde», estimant que la sortie d'un Etat membre de l'euro équivaudrait à un renoncement au dollar de l'Etat de Californie.
Quant aux cambistes, la plupart estiment que c'est bien plus l'évolution de l'économie américaine qui conditionne l'évolution du couple dollar/euro, que les déclarations de quelques responsables politiques européens. Le dollar est aujourd'hui à son plus haut niveau depuis huit mois.

(Source : Libération.fr)