Le Medef découvre le souverainisme. Bientôt le patriotisme économique ?

Lundi, 24 Février 2020 16:18
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Incroyable ! Qui l’eût cru ? 

altJe dois vous avouer que les bras m’en sont tombés à la réception de cette invitation du Medef, l'organisation patronale qui, depuis des décennies, milite ardemment pour le libre-échange sans entrave et l’ouverture en grand des frontières.

Un de ses anciens vice-présidents ne pérorait-il pas : «Je suis fier d’être un patron qui délocalise !».

De qui s’agissait-il ? De Sarkozy voyons ! Pas Nicolas mais son frère Guillaume.

Dix-huit ans plus tard, virage sur l'aile à 180°.

Le 2 mars, le Medef organise donc une conférence sur le thème : «Souveraineté & compétitivité des entreprises : plus de temps à perdre !».

Oui, vous avez bien lu «souveraineté», un mot qui était il y a peu encore totalement banni du lexique de l’organisation patronale. Comme «patriotisme économique», «droits de douane», «frontières», «protectionnisme», «taxes aux importations» et évidemment «Frexit» (sortie de la France de l’Union européenne).

Le Medef motive ce revirement spectaculaire en ces termes : «Face notamment aux sanctions commerciales, aux lois extraterritoriales américaines et aux ambitions chinoises, entreprises et États sont confrontés aux mêmes défis : l’urgence de défendre notre souveraineté et de préserver notre compétitivité.

Après avoir longtemps subi, le temps des (ré)actions française et européenne est venu.

Protection des données, lutte contre les ingérences étrangères, autonomies technologique et énergétique, les enjeux sont nombreux.

Le Medef vous invite à participer à un évènement visant à débattre des politiques à mettre en œuvre et du rôle déterminant que les entreprises peuvent jouer pour garantir nos souverainetés économique, industrielle et numérique, et notre compétitivité internationale.»

Le Medef s’égare quand il écrit «après avoir longtemps subi». Il n’a rien subi mais au contraire encouragé le sacrifice de nos intérêts économiques et industriels sur l’autel de la mondialisation et du libre-échangisme.

Jusqu’à maintenant, le Medef n’avait que faire du «souverainisme» et de ce qu’il sous-entend : le patriotisme économique et donc forcément le protectionnisme. Car il n’y a pas de souveraineté sans protections.

Comme il n'y a pas de «lutte contre les ingérences étrangères» (selon la terminologie du Medef) sans Frexit. Mais c'est un autre débat. 

Qu'importe. L’organisation patronale redécouvre le fil à couper le beurre après 45 ans d’aveuglement, de délocalisations massives, de destructions de pans entiers de notre économie, de millions d’emplois industriels perdus, et de renoncement à préserver nos positions prometteuses acquises pendant les Trente Glorieuses (années 1945 à 1975).

Ont suivi les Quarante-cinq Calamiteuses (de 1975 à 2020) qui ont vu le chômage passer de 500.000 demandeurs d’emploi à 3,3 millions dans la seule catégorie A (plus de 6 millions toutes catégories confondues).

Il était temps de se réveiller… trop tard !

Yves Barraud

PS : Le Medef est-il antisémite ?

Voilà la question que nous sommes en droit de nous poser. Jacques Attali (notre illustration), chantre du mondialisme et du libre-échangisme, ayant écrit dans un tweet du 4 octobre 2019 : «Le souverainisme n’est que le nouveau nom de l’antisémitisme». Rien que ça ! 

Geoffroy Roux de Bézieux, Président du Medef, va-t-il croupir en prison pour incitation à la haine antisémite ?

On plaisante évidemment (il est toujours utile de le préciser). Quoique, en ces temps de paranoïa aiguë, on ne sait jamais… 


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Mis à jour ( Lundi, 24 Février 2020 23:50 )