Chantage à l'emploi : Nous aurons le sort que nous méritons

Jeudi, 07 Mars 2013 15:25
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Les syndicats FO et CFE-CGC de Renault ont signé l'accord de compétitivité-flexibilité proposé par leur direction, tandis que le gouvernement «socialiste» adoptait le projet de loi transcrivant celui du Medef et de la CFDT.

Triste journée que celle d'hier. Alors que la veille FO défilait avec la CGT, la FSU et Solidaires contre la transposition de l'accord patronal dit de «sécurisation de l'emploi» (mais — chut, faut pas le dire… — en vérité totalement déséquilibré et d'un niveau de flexibilité inégalé) validé le 11 janvier par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, on a appris que localement, chez Renault, FO avait succombé au même chantage à l'emploi. A la clé : plus de compétitivité et de flexibilité, c'est-à-dire TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER MOINS, les errements de l'entreprise devant être totalement assumés par les salariés. Bien évidemment, la CFDT a signé aussi tandis que la CGT, elle, reste fermement opposée au projet.

Précurseur de l'ANI du 11 janvier qui généralisera ces graves reculs sociaux, cet accord «vaut mieux qu'une régression programmée», a expliqué le délégué central FO… comme si la régression ne l'était pas déjà, programmée ! «Il vaut mieux prendre le risque d'un avenir que de ne pas avoir d'avenir du tout», a-t-il justifié alors que leur avenir ressemble désormais à celui des Conti dont personne, visiblement, n'a envie de tirer les leçons : des années de sacrifices et de promesses non tenues, tout ça pour se retrouver au final sur le carreau.

Qu'il est terrible d'être trahis par ceux qui sont censés vous défendre ! Nous, chômeurs, le savons bien, puisque tous les trois ans les "partenaires sociaux" de l'Unedic taillent dans nos droits, le patronat sachant y faire pour que des syndicats godillots comme la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC et même FO signent les textes qu'il leur soumet. Et puis trahir, ça rapporte, et pas que des subventions ! Il y a belle lurette que nous ne leur faisons plus confiance.

Qu'il est terrible d'être trahis par ceux pour qui on a voté !
Tel était le cas des manifestants de mardi, ces ouvriers et salariés lucides qui refusent qu'un gouvernement "de gauche" fasse passer la réforme la plus scélérate qui soit, en parfaite harmonie avec toutes les lois de «modernisation du marché du travail» votées au nom de "la crise" en Espagne, au Portugal, en Italie ou ailleurs. Qu'un gouvernement "de gauche" ose œuvrer au même titre que la droite en faveur d'une Europe austéritaire, régressive, anti-démocratique et exclusivement financière. De quoi, dans le pire des cas, grossir l'électorat du FN.

Les cartes sont brouillées, la confiance est rompue. Mais c'est en croyant éviter le pire, en se pliant au "c'est mieux que rien" et en faisant preuve de courte vue, en ayant peur de dire NON et de se battre contre des agresseurs/rapaces plus que jamais déterminés malgré les dégâts qu'ils ont causés, qu'on va tous droit dans le mur ! Hélas, partout le trouillomètre est à zéro, et il n'y a rien de plus terrifiant qu'une masse de trouillards à moitié tétanisés, manipulés ou soumis qui, avec eux, entraînent tout le monde vers le néant.

SH

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Mis à jour ( Vendredi, 08 Mars 2013 09:17 )