Notre Sécu face à la crise

Vendredi, 27 Avril 2012 15:07
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Conséquence de l'atonie de l'emploi (chômage, déflation salariale), les rentrées de cotisations vont nettement ralentir cette année.

La situation financière dégradée de la Sécurité sociale, peu abordée dans la campagne électorale, sera l'un des dossiers chauds du futur chef de l'Etat. C'est ce que confirment les dernières prévisions d'évolution pour 2012 de la masse salariale sur laquelle sont assises les cotisations (plus des deux tiers des recettes). Ces nouveaux chiffres sont examinés aujourd'hui par le conseil de l'Acoss, l'organisme qui centralise les Urssaf et donc, les ressources de la Sécurité sociale.

Ils montrent que la détérioration du marché de l'emploi déclenchée mi-2011 va commencer à se faire sentir. L'an dernier, la masse salariale avait augmenté de 3,6%. Malgré le brutal ralentissement de l'économie, la progression était encore de 3,4% au quatrième trimestre (en glissement annuel). Début 2012, le décrochage est net. L'Acoss prévoit une hausse limitée à 2,5% au premier trimestre (toujours en glissement), puis à 2,1% et 2,2% pour les deux trimestres suivants. Il faut remonter au printemps 2010 pour retrouver un tel rythme. Si le salaire moyen continue à augmenter régulièrement, l'emploi devrait se contracter aux deuxième et troisième trimestres, estime l'Acoss [1].

Nouvelles prévisions en juin

Autrement dit, il est à craindre que l'évolution de la masse salariale sur l'ensemble de l'année 2012 soit inférieure aux +2,5% attendus par le gouvernement. L'impact sur les comptes de la Sécurité sociale sera sensible, même si les nouvelles prévisions de l'Acoss sont loin d'être catastrophiques. A l'inverse, les régimes sociaux bénéficieront en 2012 de comptes un peu moins dégradés que prévu l'an dernier. La base de départ sera donc meilleure.

Le déficit du régime général a atteint 17,4 milliards d'euros en 2011. Pour cette année, la dernière prévision du gouvernement tablait sur un besoin de financement limité à 13,8 milliards grâce à l'apport de nouveaux prélèvements instaurés en fin d'année dernière (hausse des prix du tabac, taxes sur les sodas, sur les mutuelles, prélèvements sur les revenus du capital…) et à une limitation de la hausse des dépenses de santé à 2,5%. Mais cette estimation, qui date de décembre, était encore fondée sur une prévision de hausse de la masse salariale de +3%. De nouvelles prévisions financières seront publiées en juin lors de la Commission des comptes de la Sécurité sociale.

(Source : Les Echos)


[1] Ce jugement est aussi paradoxal que tendancieux. Si le salaire moyen continue de progresser, c'est plutôt une bonne chose pour les rentrées de cotisations. Supputer qu'une augmentation, même légère, des salaires provoquerait du chômage supplémentaire est une vue de l'esprit véhiculée par la doxa ultralibérale. Car ce n'est pas le coût du travail qui engendre le chômage mais la baisse de l'activité, qui est le résultat d'une déflation salariale savamment entretenue ainsi que du court-termisme et de l'absence de stratégie de ceux qui tiennent depuis trop longtemps les rênes du pays.



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Mis à jour ( Jeudi, 13 Septembre 2012 23:48 )