Et revoilà le bobard des «500.000 emplois non pourvus»

Vendredi, 09 Mars 2012 11:43
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Le président-candidat, dont la campagne 2012 n'est qu'un pathétique copié-collé de celle de 2007, accumule les mensonges. Il en débite tellement que celui des 500.000 offres non pourvues, furtivement exhumé mardi soir chez Pujadas, a été noyé dans la masse. De cette légende typiquement sarkozienne, notre ami Slovar remet les pendules à l'heure une fois pour toutes.

S'ils ne partagent pas souvent les mêmes analyses, Marc Landré, journaliste social au Figaro, et Michel Abhervé, professeur d'économie sociale à l'université de Paris-Est et membre d'Alternatives Economiques, se retrouvent sur un point : tous deux réfutent les allégations tenues par le président il y a un an sur TF1 ou par le candidat il y a deux jours sur France 2, à propos du nombre d'emplois non pourvus par ces fainéants de chômeurs.

Marc Landré, sur son blog Les Dessous du Social, l'avait déjà pointé l'année dernière quand le président a dit sur TF1 : «Un demi million d'offres d'emploi non satisfaites et 2,7 millions de chômeurs (catégorie A) : pourquoi on ne les rapproche pas ?» «Plus c'est gros plus ça passe. Sauf que jusqu'à présent le ministre du Travail et de l'Emploi, Xavier Bertrand, parlait, lui, de 250.000 offres. Bref, moitié moins. Il continue d'ailleurs toujours de citer ce chiffre après l'intervention du chef de l'État. Quant à ses prédécesseurs, ils avançaient régulièrement le nombre de 300.000. En une émission, on a donc eu une inflation de 100%. Un phénomène digne de la multiplication des petits pains.» Et Marc Landré de préciser : «D'où sort ce chiffre de 500.000 ? En fait, de nulle part. C'est un chiffre pifométrique et fantasmagorique, tout comme celui de 250.000 ou 300.000 régulièrement mis en avant sans qu'il ait une base statistique fiable. Il est tiré, à l'origine, d'un sondage réalisé il y a quelques années par les chambres des métiers afin d'estimer le nombre d'emplois non pourvus dans leurs secteurs d'activité».

Voici ce que dit Michel Abhervé sur son blog suite à la récente prestation du candidat Sarkozy à l'émission “Des paroles et des actes” : «On ne peut que regretter que ses interviewers ne lui aient pas demandé d’où il sortait ce chiffre, car il aurait été bien en peine de répondre. En effet, les chiffres annoncés varient considérablement, selon le contexte, car personne n’a été à ce jour capable de produire une méthode un tant soit peu fiable d’élaboration d’un chiffre reconnu.» Et de conclure avec ironie : «Il reste encore quelques semaines de campagne, et nous devrions donc approcher le million d’emplois non pourvus».

Conclusions auxquelles arrivait déjà le site Cadremploi, qui citait une étude réalisée par deux chercheurs du Centre d'Etude pour l'Emploi (CEE) en 2009 : «Sur 13 millions de contrats de travail signés chaque année, il est assez logique qu'en moyenne 400.000 offres soient disponibles en même temps et ne trouvent pas preneurs instantanément. (...) Nombre de recrutements supposés restent totalement virtuels. Exemple : un appel d'offres auquel plusieurs entreprises répondent. Pour arracher le marché, elles prévoient chacune un certain nombre d'embauches, mais au final, une seule recrutera réellement. Les besoins des perdants seront néanmoins comptés comme besoins réels. Un emploi peut donc compter triple (voire plus).»

Ce qui est confirmé par le site Beez : «En 2010, selon l’Apec, 100.992 offres d’emploi de cadres informaticiens ont été diffusées… pour 26.500 recrutements bruts… et 4.000 créations d’emploi "nettes". Le rapport entre les créations d’emploi nettes et le nombre d’offres d’emploi diffusées (rien que par l’Apec) est donc de… 1 pour 25.»

Au delà de ces recrutements virtuels, quels sont les autres types de postes non pourvus ? Et, surtout, de quelle qualité sont-ils ? Une visite sur le site de Pôle Emploi s'imposait. Nous avons sélectionné 3 offres, assimilées dans l'esprit de notre Président à "du travail", et qui feront probablement partie des «emplois non pourvus» pour un certain temps :

Professeur / Professeure à domicile
Expérience exigée : 2 ans
Formation : Bac+5 et plus ou équivalent Mathématiques Exigé
Salaire indicatif : Horaire de 15 à 25 €
Durée hebdomadaire de travail : 2H00 Hebdo

Aide ménager / ménagère à domicile
Expérience : Expérience exigée de 3 mois
Salaire indicatif : Horaire de 9,22 €
Durée hebdomadaire de travail : 2H00 Hebdo

Animateur / Animatrice d'atelier artistique ou ludique
Expérience : Expérience exigée de 2 ans
Salaire indicatif : Horaire de 12 à 20 €
Durée hebdomadaire de travail : 6H00 Hebdo

Vous pourrez constater par vous-même, en vous rendant sur pole-emploi.fr, que ces trois exemples sont loin d'être marginaux !

Qu'ajouter, si ce n'est que nous aurions souhaité que le président-candidat ait accepté, au moins une fois durant son quinquennat, à titre d'expérience, ce type de jobs qui pullulent. Ce qui lui aurait certainement évité de n'avoir, comme proposition contre le chômage, qu'un référendum destiné à imposer des formations aboutissant à des emplois… de quelques jours, de quelques semaines, ou de quelques heures par semaine !

(Source : SLOVAR)


NDLR : Et pour compléter cette brillante démonstration, ces analyses du collectif ACDC (Les Autres Chiffres Du Chômage) :
C'est quoi, des «emplois vacants» ?
Emplois vacants et chômeurs fainéants : ACDC dénonce les amalgames

Qu'on se le dise !

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Mis à jour ( Vendredi, 09 Mars 2012 11:59 )