Ghyslaine, 55 ans, feignasse et fraudeuse

Jeudi, 19 Janvier 2012 14:36
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Elle a refusé un travail d'une heure par semaine situé à des kilomètres de chez elle. Sanction : la CAF lui coupe les vivres pendant deux mois.

Mercredi, cette ancienne employée d'une fabrique de vêtements à Bohain (Aisne), au chômage depuis 1999, date de la fermeture de son entreprise, et désormais au RSA, a traversé la RD 643 pour siéger, avec son amie syndicaliste Thérèse-Marie Cardon et d'autres militants, devant l'agence de la Caisse d'allocations familiales de Cambrai. Motif d'un tel déplacement et déploiement, constitué tout au plus d'une dizaine de personnes ? Ghyslaine et ses amis estiment que l'organisme de prestations sociales s'est lancé dans «une chasse aux pauvres».

Au rayon des arguments, ils ont un exemple probant : celui de Ghyslaine, justement. «En juin, Ghyslaine a refusé un travail d'une heure par semaine et qui se trouvait à des kilomètres de chez elle, explique Thérèse-Marie Cardon. Quelques jours plus tard, elle a reçu la visite d'un contrôleur CAF.»

5.000 euros d'économies qu'il fallait déclarer

Un émissaire venu pour mettre le nez dans les comptes de l'ancienne employée. «J'étais choquée, raconte Ghyslaine. J'ai travaillé toute ma vie et je n'ai pas demandé à être au chômage.» La quinquagénaire a donc extirpé de ses classeurs quelques relevés bancaires. Et l'émissaire de découvrir que la Bazuelloise avait quelques milliers d'euros de côté. «5.000 €, lâche Ghyslaine, un peu embarrassée. Après, j'ai reçu un courrier...» Sur lequel était écrit noir sur blanc que la vaillante employée du textile s'était «rendue coupable de manœuvre frauduleuse».

C'est que cette somme, Ghyslaine devait la déclarer à la CAF. Laquelle aurait revu en conséquence les versements du Revenu de solidarité active attribués jusqu'ici.

«Si elle ne l'a pas fait, c'est qu'elle n'y a pas pensé, insiste Thérèse-Marie Cardon. Ce sont des économies réalisées à l'époque où elle travaillait encore ! Et là n'est pas le problème...» Mais où, alors ? Les militants établissent «un lien entre le refus de se voir attribuer un emploi d'une heure par semaine à des kilomètres de chez elle et la visite du contrôleur. Pour nous, il y a eu délation !»

Mais alors qu'un courrier était envoyé au conseiller général du canton, Laurent Coulon, pour demander «la remise gracieuse de la dette» de Ghyslaine — contrainte de verser 45 euros à la CAF pendant deux ans —, deux mois de RSA ont été retirés à la quinquagénaire. Et «je n'en ai pas été avertie !», assure cette dernière. Ce qui constitue aussi les raisons de la colère. «Pourquoi, du jour au lendemain, on lui retire deux mois de revenu sans la prévenir ?» Un procédé que le comité de soutien de Ghyslaine juge déplaisant et injuste.

«Pourquoi faire payer la crise aux chômeurs ?» Ce même comité a donc décidé d'aller frapper à la porte des conseillers CAF pour obtenir des explications. A l'issue de la rencontre, la CAF a déclaré qu'un courrier lui avait été envoyé en novembre...

(Source : La Voix du Nord)


NDLR : En vertu de la taxation de 3% de l'épargne disponible des allocataires du RSA, avec 5.000 € de côté, le RSA de Ghyslaine aurait été amputé de 150 € par an, soit 12,50 € par mois. L'allocataire du RSA n'a pas le droit d'avoir des économies : quand il en a, il doit les déclarer et on les taxe d'un pourcentage supérieur à ce qu'elles lui rapportent sur un livret. C'est ça, la justice sociale… un véritable racket.
Et on note qu'en guise de punition, outre la suspension de son RSA pendant deux mois, la CAF réclame à Ghyslaine un remboursement de 45 €/mois pendant deux ans, soit 1.080 €, alors que le "manque à gagner" annuel lié à la non déclaration de ses 5.000 € taxés à 3% s'élève à… 150 € seulement. Le prix net de la "déclaration frauduleuse" s'élève donc à 930 €. Révoltant !



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Mis à jour ( Jeudi, 19 Janvier 2012 15:56 )