Les revalorisations de salaire en temps de crise, c'est possible

Vendredi, 27 Novembre 2009 09:44
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La preuve avec le nouveau patron d'EDF dont la rémunération, par rapport à celle de son prédécesseur, équivaut à une hausse de 45%.

Le gouvernement ne connaît pas la crise : il a désigné Henri Proglio, ex Pdg de Veolia (et proche de Nicolas Sarkozy), pour succéder à Pierre Gadonneix. Et assume son choix.

Quoi de plus naturel ? Pour mener à bien cette nouvelle mission, Henri Proglio a demandé que son niveau de rémunération soit proche de celle qu'il recevait dans ses fonctions précédentes. Alors que Pierre Gadonneix n'a perçu que 1,1 million d’€ en 2008, Henri Proglio, lui, émargeait à 1,6 million chez Veolia : il serait donc impensable de lui infliger un déclassement salarial et une perte de pouvoir d'achat de 500.000 € à l'année.

Si la Commision des rémunérations d'EDF accepte ses conditions, cela équivaudra à une augmention de salaire de 45% pour ce poste. D'ailleurs c'est comme si c'était fait, puisque le ministre de l'Industrie Christian Estrosi et le Premier ministre François Fillon, qui estiment l'exigence d'Henri Proglio tout à fait justifiée, le soutiennent fermement.

Une fois de plus, le fossé se creuse entre les Français et ceux qui les dirigent. Dans la vraie vie, quand vous perdez votre emploi, vous devez faire l'effort d'accepter un salaire inférieur : c'est même stipulé dans la loi sur «les droits et les devoirs des demandeurs d'emploi», au chapitre de l'offre dite «raisonnable». Si vous êtes précaire, votre protection sociale est réduite. Si vous cumulez plusieurs emplois, c'est parce qu'un seul ne vous permet pas de vivre. Si vous êtes à plein temps, vous subissez le sous-effectif et devez jongler avec les moyens qu'on vous donne. A cause de la crise, vous devrez vous passer d'une augmentation de salaire. Si vous avez 40 ans, vous êtes déjà trop vieux. Si vous n'avez pas le profil, on ne vous recrute pas.

Mais à l'Elysée et au gouvernement, il en va autrement : on tient compte de la précarité inhérente à la fonction d'élu, le cumul des mandats est courant, on ne lésine pas sur les moyens et on embauche en offrant de bons salaires, on ne discrimine pas les seniors (bien au contraire), et on donne même une chance à ceux qui n'y connaissent rien en les nommant à des postes de prestige. Bref, l'exact contraire de ce que vit la majorité de nos concitoyens.

Que voulez-vous : ce qui est admis pour certains ne l'est, visiblement, pas pour tout le monde.



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Mis à jour ( Mardi, 01 Décembre 2009 11:41 )