Orange veut jouer un «rôle social» et propose de nouveaux tarifs aux «plus démunis»

Mercredi, 13 Mai 2009 00:46
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Orange n'est pas insensible à «la crise», qui lui donne l'occasion de déployer son opportunisme commercial en redorant son blason. L'opérateur vient de mettre sur pied un forfait mobile à 10 €/mois destiné aux futurs bénéficiaires du RSA et sollicite le feu vert des autorités pour proposer à cette même clientèle un abonnement triple play (internet + TV + téléphone illimité) à 20 €/mois.

Orange est la marque phare de France Télécom — déjà un exemple à ne pas suivre — connue pour ses plans sociaux et la maltraitance qu'elle exerce sur ses salariés...

Orange fait aussi partie du «cartel des mobiles» — une référence à la drogue (pour les accros du portable) et à la mafia (ceux qui en profitent) tout à fait pertinente — épinglé par la justice en 2005. Leader du secteur, elle fut condamnée à une amende de 256 millions d’€ pour «entente illicite» (220 millions revenant à SFR et 58 millions à Bouygues sur un total record de 534).

Récemment, Bruxelles a publié un rapport édifiant sur les prix de la téléphonie en Europe, épinglant le manque de concurrence dans le mobile en France où trois grands opérateurs se partagent le marché alors qu'une grande majorité de nos voisins en dispose de quatre ou cinq. D'où, pour le consommateur français, la facture mensuelle la plus élevée de l'UE derrière la très chère Espagne... Dans un langage mesuré, la Commission européenne a donc préconisé «l’arrivée d’un quatrième opérateur [qui] pourrait contribuer à améliorer la concurrence et le choix» dans l'Hexagone, Free étant pressenti pour se lancer dans la bataille d'ici cet été.

Après avoir pressé le jus de consommateurs munis et prêts à se laisser démunir, pour la géante Orange, il s'agit désormais de s'attirer les bonnes grâces de l'opinion publique tout en s'adaptant aux nouveaux paramètres économiques et sociaux.

La polémique sur le 3949 a semé une graine

Avec la montée du chômage et le numéro surtaxé du nouveau Pôle Emploi, grâce à des agents qui ont riposté en nous donnant à diffuser les numéros de lignes fixes des agences — uniquement réservés aux employeurs —, une résistance solidement médiatisée a contraint le secrétaire d'Etat Laurent Wauquiez à rencontrer notre trio de choc pour qu'il fasse «un effort»... Puis, narguant ces mastodontes, Virgin Mobile (dont le PDG n'est autre que Geoffroy Roux de Bézieux, président de l'Unedic !) a aussitôt sauté sur l'occasion en annonçant que le 3949 était désormais un numéro normal pour tous ses abonnés : «À compter du 15 avril 2009, l’appel au 3949 - numéro unique d’appel au Pôle Emploi – n’est plus surtaxé pour toutes les offres proposées», a déclaré le petit outsider (2% de parts de marché). En somme, appeler le 3949 par Virgin Mobile sera tout simplement déduit du forfait ou décompté du crédit, comme n'importe quel appel classique national.

La concurrence ne tarde pas à réagir. Pour rester leader, il faut non seulement être plus rapide que les copains mais leur couper l'herbe sous le pied : une surenchère dont on peut s'amuser. Ainsi le PDG de France Télécom, Didier Lombard, soulignant le «rôle social» que l'opérateur historique se doit de jouer envers ses clients «les plus démunis», annonce dans une interview exclusive au Parisien le lancement, ce mardi 19 juin, d'un forfait mobile à 10 €/mois (40 minutes de communication + 40 SMS) pour les minima sociaux et autres travailleurs pauvres sous étiquette RSA, ainsi qu'un abonnement triple play «spécial RSA» à 20 €/mois qu'il espère lancer «dès le 1er juillet 2009». «Cela représente 3,8 millions de Français, ce n’est pas rien». Dans la bouche du successeur de Thierry Breton, lui qui gagne 1,65 million d’€ par an, la cible marketing devient «offre d’inclusion» : comme c'est altruiste !

Affaire à suivre, donc. Mais en attendant, malgré une récupération douteuse (un opportunisme mercantile qui ne règle aucunement le fond du problème, à l'instar des incantations libérales à «plus de concurrence» dont on sait que les conséquences sont souvent néfastes pour le salariat),

Nous rendons hommage aux conseillers Pôle Emploi solidaires des chômeurs qui, par leur vigilance et leur rébellion, en relayant leur lutte auprès de nous, ont permis au scandale du 3949 de sortir de l'ombre et de faire des petits. A eux nous disons : Infiniment MERCI !

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Mis à jour ( Vendredi, 02 Avril 2010 12:56 )