Le 3949 n'est pas que «trop cher» !

Vendredi, 06 Mars 2009 13:21
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Ça y est, le 3949 est le topic du jour. Mais, comme d'habitude, le thème est effleuré : son coût est pointé du doigt alors que ce «service» a bien d'autres défauts dont les conséquences pour les chômeurs sont hautement anxiogènes.

Suite à notre article du 8 février dernier issu d'une initiative commune avec des adhérents de notre association (qui ne sont pas que des chômeurs : certains travaillent… à Pôle Emploi), les médias s'emparent de l'affaire. Rendons hommage à Fanny Doumayrou de L’Humanité qui a été la plus réactive en se penchant sur le sujet dès le 25 février.

Aujourd'hui, on en parle partout et notamment dans Libération. Et c'est son coût qui est pointé, jusqu'à dix fois plus cher quand l'appel émane d'un téléphone portable. Or, il n'y a pas que ça : c'est l'ensemble du service proposé qui est catastrophique ! Avec la fusion de l'ANPE et de l'Assedic, ce joujou technologique était censé «faciliter la vie aux demandeurs d'emploi» : en réalité, il la complique (tandis que les employeurs, eux, ont droit à des lignes fixes).

Labyrinthe

D'abord, quand on appelle le 3949, mieux vaut se munir d'un papier et d'un crayon afin de noter l'option qui correspond à votre attente et que vous devez formuler à haute voix (tant pis pour ceux qui ont un fort accent). Enoncées à l'infini par un enregistrement bavard — alors qu'au bout ce n'est que le silence —, les options s'enchaînent et constituent un labyrinthe vocal qui frise la confusion et… le ridicule. Sauf qu'on n'a pas envie d'en rire quand on est dans la galère et qu'on cherche un renseignement particulier (par exemple, savoir pourquoi on ne vous a versé que 5 jours d'allocations en début de mois alors qu'aucun courrier ne vous a averti). Pas moyen de consulter précisément son dossier, ni d'avoir un être humain au téléphone. Les minutes s'égrènent, vous avez tourné en rond pour rien et il vous en coûtera 99 centimes tandis que l'angoisse, elle, monte.

On regrette l'époque du 890 642 642 — plus clair, plus synthétique — où il était même possible de s'adresser à un conseiller qui, en direct, vous renseignait et contribuait à régler votre affaire si elle était un peu complexe. Maintenant, c'est le noir absolu !

Un site internet très indigent

Même chose pour le site internet de Pôle Emploi : l’«espace personnel» est réduit à sa plus simple expression. Quand on compare avec celui de la CAF qui vous renseigne sur les derniers courriers, traitements en cours ou documents à fournir et où vous pouvez écrire en cas de problème avec réponse rapide (et aimable) à la clé, celui de Pôle Emploi fait piètre figure. Figurez-vous que même les horaires d'ouverture — c'est pourtant élémentaire — des points d'accueil ne sont pas précisés !!!

Pourtant, la CAF compte 30 millions d'allocataires tandis que Pôle Emploi n'indemnise «que» 2,1 millions de personnes et ne compte «que» 3,5 millions d'inscrits... Alors ?

Une situation explosive

On le voit, la réorganisation du service public de l'emploi souhaitée par Nicolas Sarkozy et qui tombe au plus mal, a été faite en dépit du bon sens. Les chômeurs, premiers concernés, n'ont jamais été consultés tandis que les agents sont à la peine. L'angoisse des uns mêlée à la fatigue des autres produit un cocktail détonant.

Cette déshumanisation va de pair avec une stratégie d'évitement que nous avons moultes fois dénoncée ici. Il n'est pas question d'améliorer l'ordinaire du chômeur mais, au contraire, d'accentuer la pression exercée sur lui — outre le flicage et la coercition — par le biais du silence et du mépris. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'incompétence est une façade qui cache, en réalité, un objectif d'asservissement.


Une alternative au 3949

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Mis à jour ( Vendredi, 13 Août 2010 01:43 )