PPDA, le chômeur heureux

Vendredi, 11 Juillet 2008 13:08
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«Ce qui ne peut être évité, il faut l'embrasser», a dit jeudi soir le présentateur-vedette de TF1 en guise d'adieu à ses fidèles téléspectateurs.

Pas sûr que les quelque 3.000 salariés réunis de Doux, Goodyear, Altadis, Whirlpool, Philips, SFR-Neuf Cegetel ou Le Monde, également en train de perdre leur gagne-pain, puissent faire preuve d'autant de philosophie dans le dilemme shakespearien qui doit les ronger... Se faire virer comme des malpropres, eux aussi ils connaissent. Mais la similitude s'arrête là.

Car, à 60 ans, Patrick Poivre d'Arvor n'a aucun souci à se faire pour ses finances, son avenir et celui de sa famille. Il a les moyens de s'offrir un bon avocat en cas de litige avec son ex-employeur, il va percevoir des indemnités substantielles et, contrairement à la majorité des chômeurs de plus de 50 ans (même 40) ou des journalistes qu'on licencie, il ne risque pas d'être soumis à la précarité, de rester durablement sur le carreau, d'être discriminé par les recruteurs puis harcelé par le service public de l'emploi, voire par son banquier. D'ailleurs il le sait bien, PPDA, puisqu'il a sussuré au final, l'œil malicieux : «Je suis sûr qu'on se reverra très vite...» Bien qu'ayant atteint l'âge légal pour prendre la retraite décente que tant d'autres rêvent d'obtenir après avoir trimé dur, il semble évident qu'il ne compte pas s'en tenir là et n'aura aucune difficulté à «rebondir», notre «PPD».

Comme dans tous les JT, l'ex présentateur faisant ses adieux avec décontraction nous renvoie une image incomplète de la réalité, qui diffère amplement selon qu'on est riche et célèbre ou simple anonyme. Disposant de plusieurs matelas à proximité, PPDA n'est pas contraint de bloquer son usine pour défendre son emploi. PPDA peut donc «embrasser» son sort avec classe et sérénité tandis que les salariés de Goodyear «embrassent», eux, une lutte désespérée. Ce qui donne l'occasion à l'ignoble Serge Dassault, sénateur milliardaire de 83 ans, de cracher sur les grévistes après avoir déjà insulté les chômeurs.

A l'instar d'autres «seniors» bien connus du public comme Guy Roux ou même Bernard Laporte, PPDA est une exception qui est loin d'être la règle. Mais la télévision est, par excellence, le miroir déformant qu'on utilise pour ériger des symboles mensongers et distiller des discours faussés.


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