La Sécu est excédentaire

Vendredi, 23 Novembre 2007 01:49
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Difficile à croire, n'est-ce pas ? Pourtant, c'est la vérité. Démonstration.

La Sécurité sociale est en réalité victime de nombreux mauvais payeurs — voir détails en commentaire — dont en premier l'Etat, qui rechignent à rembourser ce qu'ils lui doivent, préservant ainsi leur trésorerie sur le dos de la solidarité nationale (que l'on souhaite anéantir pour la privatiser) et des assurés sociaux (à qui l'ont ment scandaleusement pour mieux les saigner).

Actuellement, l'Etat doit au minimum 17 milliards d'euros à la Sécurité sociale : 11 milliards correspondent aux taxes sur l'alcool et le tabac non reversées, et 6 milliards sont issus des multiples exonérations de "charges" attribuées à tous les employeurs sans aucune distinction depuis 1993, toujours non compensées à ce jour. Ces allègements de cotisations, qui ont représenté 24 milliards en 2006, 28 milliards en 2007 et coûteront 32 milliards en 2008, sont englobés dans les quelque 60 milliards d'euros d'aides publiques accordées chaque année aux entreprises… mais, figurez-vous, Laurence Parisot trouve cela encore insuffisant !

Ces multiples dettes (employeurs, Etat, compagnies d'assurance…) ne sont évidemment pas comptabilisées dans le fameux déficit, un faux "trou de la Sécu" dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps et qui s'élèverait à 12 milliards d’euros.

Pour la Cour des comptes, qu'on ne peut accuser de gauchisme et qui a rendu son dernier rapport annuel en septembre dernier, l'ensemble des exonérations de cotisations injustifiées (stock-options, divers mécanismes d'intéressement dont les indemnités de départ à la retraite ou de licenciement…), les dépassements d'honoraires des spécialistes et les dépenses de médicaments dans l'hôpital public qu'elle a épinglés pour 2005 ont fait perdre au total de 6 à 8,3 milliards à la Sécu. Sans compter les dizaines de milliards engloutis chaque année dans le travail illégal et la fraude à l'URSSAF...

Pour le Parti communiste, au-delà des stock-options, c’est l’ensemble des revenus financiers des entreprises, estimés en 2006 à 255 milliards d’euros et actuellement exonérés, qui devraient être soumis à une cotisation du même taux que la cotisation patronale pour l’assurance maladie : la Sécu engrangerait alors quelque 40 milliards d’euros !

Si l'on additionne le minimum de 17 milliards que lui doit l'Etat + un minimum de 6 milliards issus des préconisations de la Cour des comptes + ne serait-ce que la moitié des cotisations sur les revenus financiers des entreprises actuellement exonérés soit 20 milliards, LA SÉCU NE SERAIT PLUS DU TOUT DÉFICITAIRE. Elle serait même EXCÉDENTAIRE de plus de 30 milliards d'euros !!!

Plus besoin de faire payer aux malades des franchises médicales ou de dérembourser des médicaments. Plus besoin de stigmatiser les bénéficiaires de la CMU ou de l'AME. Plus besoin d'obliger les salariés à cotiser 40 ou 42 ans pour avoir droit à une retraite. Et on pourrait correctement revaloriser les pensions, les prestations familiales et les minima sociaux.

Et on pourrait enfin supprimer l'Unedic, cet organisme asservi au Medef et dont le déficit cumulé s'élève à 10 milliards d'euros bien que l'assiette de cotisations ne soit, ici non plus, pas élargie à sa juste dimension (on pense, par exemple, aux employeurs qui abusent de la précarité et ne sont toujours pas taxés…), pour englober l'assurance chômage au sein de notre système de protection sociale au même titre que la famille, la maladie ou la vieillesse.


=> On peut aussi aller plus loin : En vérité, la CNAV est excédentaire !


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Mis à jour ( Jeudi, 22 Septembre 2011 21:13 )