2007 : le chômage pèse et l'opinion n'est pas dupe

Samedi, 02 Septembre 2006 08:24
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La situation de l’emploi s’améliore de mois en mois depuis maintenant plus d’un an. Des résultats qui témoignent en faveur de la politique de l’emploi conduite par Jean-Louis Borloo, le ministre de la Cohésion sociale, et, dans une moindre mesure, de la politique économique menée par Thierry Breton, le ministre de l’Economie et des Finances.

Même si le rythme rapide des départs en retraite et la multiplication des emplois aidés expliquent en grande partie cette amélioration, les résultats sont là et la tendance demeure bien orientée. Les facteurs structurels qui limitent désormais la progression de la population active ne vont pas disparaître et la reprise semble désormais solide. De quoi finir par relancer l’emploi dans le secteur marchand pour autant que la conjoncture demeure favorable chez nos principaux partenaires.

Il faut cependant relativiser ce résultat. Le taux de chômage français demeure bien supérieur à la moyenne de l’Union européenne. Il est aujourd’hui seulement revenu au niveau observé en juin 2002, quand Jean-Pierre Raffarin est devenu Premier ministre. Surtout, le gouvernement aurait tort d’attendre de la seule amélioration des chiffres du chômage qu’elle redonne confiance dans l’avenir aux électeurs.

Non que les statistiques mentent, mais elles ignorent largement la réalité vécue par un très grand nombre de salariés. Plus de trente ans de chômage de masse ont en effet structurellement dégradé les conditions d’emploi. La baisse du chômage n’empêche pas des millions de personnes de ne trouver que des emplois à temps partiel non souhaités ou d’enchaîner des petits boulots qui, dans les deux cas, les maintiennent dans la pauvreté et la précarité, loin du niveau de vie qui correspond aux standards de plus en plus élevés véhiculés par les médias et la publicité. De même, la baisse du chômage n’empêche pas une large partie des jeunes d’occuper des emplois sans rapport avec leur qualification et dont le niveau de rémunération ne permet pas d’accéder à une pleine autonomie.

Une large partie de l’électorat français demeure tentée par le vote aux extrêmes, parce que les partis de gouvernement se réjouissent trop vite des quelques résultats obtenus. Lionel Jospin en a payé le prix fort en 2002, en surestimant les effets de la politique conduite par son gouvernement. Le gouvernement actuel va encore plus loin en confondant action politique et communication : il multiplie les effets d’annonce, les plans et les lois aux conséquences incertaines et vante ses résultats au premier frémissement des statistiques. Les médias suivent plus ou moins, mais l’opinion n’est pas dupe. On ne pourra reconquérir l’électorat et lui redonner confiance dans la capacité de l’action politique à changer les choses, sans agir plus sérieusement en faveur de la qualité de l’emploi, de la formation et du logement. Avis aux candidats !

Par Philippe Frémeaux pour ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES

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Mis à jour ( Samedi, 02 Septembre 2006 08:24 )