Santé, retraite, emploi : Des Français insatisfaits

Jeudi, 06 Janvier 2005 18:40
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Les Français auront-ils été convaincus par la prestation de Jacques Chirac au soir du réveillon du nouvel an, et par celle jouée sur un registre différent lors de la présentation de ses voeux aux «forces vives» de la nation ? En tout cas le président de la République aurait été bien inspiré de disposer d’un indicateur d’opinion, tel celui du baromètre social du mois de décembre réalisé par CSA pour l’Humanité et la Nouvelle vie ouvrière.

On y lit la persistance, mois après mois, et que la période des fêtes ne semble pas écorner, de préoccupations majeures sur le front de la santé, des retraites et de l’emploi. Trois sujets dont le gouvernement s’est fait fort de se préoccuper durant cette première moitié de législature, avec les réformes du système de la protection sociale aux étés 2003 et 2004, et la loi dite de cohésion sociale votée tout dernièrement, pour ce qui est de l’emploi.

Interrogés à la veille de l’entrée en vigueur de la refonte du système d’assurance maladie, 47% des sondés citent leur santé comme le sujet de leur préoccupation majeure. Si le discours alarmiste sur le fameux «trou» de la Sécu et la pérennité du régime solidaire, développé pour justifier les mesures gouvernementales, a sans doute pesé dans l’accroissement des craintes des Français dans les mois précédant la réforme Douste-Blazy du système de santé (ils n’étaient «que» 35% à s’en préoccuper en octobre 2002, un score qui bondit à 49% dès mars 2003 pour ne plus jamais repasser sous la barre des 44% après cette date), force est de constater que les sacrifices demandés ne semblent pas en mesure de les apaiser. «Le sentiment qui domine aujourd’hui, à droite comme à gauche, est que les choses ne sont toujours pas réglées», explicite Bruno Jeanbart, de l’institut CSA.
Idem sur les retraites, qui figurent toujours au second rang des préoccupations des Français, avec 43% de citations. Parmi les actifs, les salariés du secteur public sont les plus nombreux à se manifester, avec 44%, contre 39% en moyenne, signe que la réforme Fillon passe mal chez ceux à qui a été demandé le plus lourd tribut en août 2003, avec un passage à 42 annuités de cotisations au lieu des 37,5 jusqu’alors en vigueur. Plus généralement, «avec la réforme Fillon, on a anticipé sur le fait qu’il faille travailler plus longtemps demain pour bénéficier de son droit à la retraite, explique Bruno Jeanbart. Or de forts doutes existent sur la capacité des entreprises à garder leurs salariés plus tard dans l’emploi». Sentiment assis sur l’expérience vécue, «notamment chez les plus jeunes, qui voient leurs parents massivement touchés par des plans de préretraites, voire par le chômage durant leurs dernières années d’activité», poursuit l’analyste.
Une préoccupation en lien avec celles exprimées sur l’emploi, alimentées par des chiffres du chômage au plus haut malgré la communication du gouvernement sur le sujet, mais dont l’inefficacité, si ce n’est la nocivité, se révèle patente. Chez les 18-24 ans, le sujet occupe le premier rang des préoccupations exprimées (avec 50%, contre 32% en moyenne), logiquement devant la santé et les retraites (respectivement 33% et 31%), objets de soucis moins immédiats dans cette tranche d’âge. Une inquiétude partagée avec les ouvriers (44% de citations), qui le dispute à la santé (49%) dans une catégorie professionnelle particulièrement exposée et toujours frappée par une surmortalité par rapport à la moyenne des actifs. (…)

• Fiche technique : Sondage exclusif CSA/l’Humanité/la Nouvelle vie ouvrière réalisé par téléphone les 22 et 23 décembre 2004. Échantillon national représentatif de 955 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage), après stratification par région et taille d’agglomération.

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