Monsieur Valls, vos 40 euros, vous pouvez vous les garder

Dimanche, 26 Octobre 2014 18:37
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Ci-dessous le billet d’humeur d’Alain Véronèse, ardent militant en faveur des Droits des chômeurs et précaires dans les années 90 et 2000, aujourd’hui à la retraite.

Les petites retraites vont être augmentées paraît-il ?

Monsieur le Premier ministre, vos largesses ne provoquent guère d’allégresse.

Bon, avec quarante euros en plus pour une retraite inférieure à 1.200 euros, la fortune reste lointaine.

Nonobstant, en ces temps difficiles, pas grand-chose quand on n’a presque rien, c’est toujours ça. Nous ferons au mieux avec fort peu donc.

Ce sera, dit-on sur les ondes nationales, pour 2015. La puissance de calcul des ordinateurs du ministère ne peut aller plus prestement.

Toujours vigilant, je m’informe plus amplement. Après vérifications à diverses sources, j’apprends qu’il s’agit d’une prime exceptionnelle et annuelle.

Mensuellement rapportée, la somme est – approximativement – de 3,53 euros par mois ou encore 11 centimes par jour. Ah bon ?

Qu’est-ce que cet indécent excès qui va creuser dangereusement le déficit de la sécu branche vieillesse ?

Au bas mot, vos largesses, monsieur le Premier ministre concernent 8 millions de retraités. Ça fait du monde ! On imagine la croissance du chiffre d’affaires des supermarchés de proximité.

Qu’il soit dit, je ne suis pas un fervent de la croissance, un adorateur du pouvoir d’achat : le gâteau est déjà fort gros et notablement nocif. C’est le partage qu’il faut reconsidérer. Mais qui tient le couteau ?

En attendant une nouvelle distribution – qui ne tombera pas du ciel – je sais que lamentablement perdurent des seuils de revenus en dessous desquels la vie simplement décente, au jour le jour, devient problématique.

Prenez bonne note Monsieur : Aux franges de la misère, vos exceptionnels 3,53 euros ne résolvent rien. Ils sont ressentis plus offensants que bienveillants.

La dette (2.000 milliards), le déficit, l’inénarrable et persistant «trou de la sécu», les exigences de la compétitivité…, nous connaissons l’antienne doctement déclamée par vos cohortes d’experts, vos régiments d’économistes et méprisables meutes de sycophantes, toujours prompts à dénoncer les profiteurs abusant des allocs, sans compter les intermittents qui font leur spectacle !

Prenons le temps de regarder de plus près et – allez savoir ? – peut-être découvrirons-nous que ce sont ceux-là même qui s’enrichissent des déficits, qui (ah, les artistes à plein temps !) font semblant de s’effrayer de la profondeur des trous !

Les déficits des uns font les excédents des autres. Mais où sont passés les excédents ?

Ceci dit, je ne saurais, monsieur, vous retenir plus longtemps au seuil de vos importantes activités.

Pour être retraité, on n’en conserve pas moins sa dignité.

Vous trouverez ci-joint, monsieur le Premier ministre, un chèque de 40 euros à encaisser en 2015, au moment du versement de la charitable «prime» dont je ne veux être redevable. La charité ne me sied guère !

La justice et l’égalité restent à conquérir.

Veuillez considérer, monsieur le Premier ministre, l’expression de mon désaccord motivé.

Alain Véronèse

PS : Vous retrouverez Alain Véronèse dans notre vidéo «La Bataille des Recalculés de l'Unédic 2003-2004». On l’entend et le voit s’exprimer à 40 secondes de l’entame, puis à 3 minutes 40 et plus loin aussi.


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Mis à jour ( Mardi, 20 Janvier 2015 19:30 )