Baisse des cotisations chômage : Roux de Bézieux toujours réticent

Samedi, 13 Septembre 2008 16:31
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Le président de l'Unedic commente les chiffres de l'emploi. Il plaide pour une limitation des allocations chômage des cadres et la réouverture du dossier «intermittents».

LE FIGARO - Ça va plutôt mal sur le front de l'emploi ?
Geoffroy ROUX DE BÉZIEUX - Ces chiffres confirment clairement un renversement de tendance. L'Unedic n'avait pas enregistré de baisse du nombre de postes créés depuis cinq ans et de baisse aussi importante depuis douze ans. Ma crainte est que cette situation perdure.

Ces résultats ont-ils un impact sur les comptes de l'Unedic ?
Non, pas encore. Notre situation financière reste stable. Le déficit cumulé à fin juillet est de 6,37 milliards d'euros et nous maintenons une prévision de déficit à 4,4 milliards pour la fin de l'année. Nous ne verrons qu'en octobre l'impact sur les recettes et les dépenses.

Que dites-vous aux partenaires sociaux qui doivent renégocier à l'automne la convention d'assurance-chômage ?
Je les invite à faire preuve d'une grande prudence. Selon moi, il faut résorber les déficits et mettre en œuvre le fonds de régulation prévu, pour prévenir des soubresauts de l'emploi. Ensuite, seulement, on pourrait envisager une baisse des cotisations chômage [en contrepartie de la hausse des cotisations retraite - ndlr].

Vous ne fermez donc pas la porte à une baisse des cotisations, comme le demande François Fillon…
Non. Mais on doit le faire sous conditions, en fonction de l'évolution de la situation financière de l'Unedic. En l'état actuel, je ne vois pas comment on peut envisager une baisse des cotisations chômage au 1er janvier 2009.

Quels sont les dossiers à aborder pendant cette négociation ?
Ce sera à la délégation patronale d'y travailler. À titre personnel, je pense qu'on devrait avoir le courage de réfléchir au dispositif d'indemnisation des intermittents du spectacle et d'aborder celui des saisonniers. Je pense aussi qu'on devrait s'attaquer au plafonnement des allocations qui, vers 6.000 €, me paraît élevé. Mettons ces sujets sur la table et regardons si nous pouvons trouver un accord.

Serez-vous l'un des membres de cette délégation ?
Je dois voir Patrick Bernasconi, le chef de file de la délégation patronale, la semaine prochaine pour en parler.

La future ANPE-Assedic devra s'occuper davantage des personnes les plus éloignées du travail. En aura-t-elle les moyens ?
Son conseil d'administration a défini, mardi, trois parcours d'accompagnement selon le profil du demandeur d'emploi. Cela reste, à mon avis, trop général car tous les chômeurs ne sont pas égaux devant la recherche d'emploi. Il nous faut définir des parcours plus personnalisés. Entre un informaticien qui n'a pas besoin d'appui personnalisé et un RMIste qui sort de deux ans de galère, il y a des publics très différents qui nécessiteraient des parcours d'accompagnement adaptés à leur situation. Le plus important, c'est l'offre de service que nous allons proposer aux demandeurs d'emploi et aux entreprises. Arrêtons en tout cas de dire qu'il nous faut des moyens supplémentaires, car les effectifs des deux organismes sont importants — ils ont globalement augmenté ces dix dernières années davantage que l'évolution du chômage — et les moyens financiers mobilisés le sont davantage.

Comment vous sentez-vous après quatre mois à la tête de l'Unedic ?
J'ai beaucoup travaillé, je me fais maintenant une idée plus précise de ce qu'il faut faire et je commence à intégrer les codes particuliers à respecter. L'Unedic n'est pas une entreprise, mais elle doit être gérée comme telle. Je compte d'ailleurs faire un peu de benchmarking et aller voir à l'étranger comment fonctionnent les Jobcenters britanniques ou les Arbeitsamt allemandes.

(Source : Le Figaro)

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Mis à jour ( Samedi, 13 Septembre 2008 16:31 )