Chômage : la «stabilisation» est en marche

Mercredi, 30 Avril 2008 06:01
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Prévue par l’Unedic, par l’INSEE, par des économistes et même le BIT (Bureau international du travail) pour 2008, la «stabilisation» du chômage se confirme à travers les résultats du premier trimestre de l'ANPE.

En cause «un environnement économique international difficile» avec la «poursuite de la hausse du prix du pétrole et du cours de l'euro», a osé lâcher la ministre de l'Economie et de l'Emploi qui, pour une fois, n'était pas sous l'emprise d'une substance euphorisante... Une conjoncture défavorable que le récent dispositif de défiscalisation des heures supplémentaires ne va pas améliorer, sachant qu'en France, parmi tous les mouvements de personnel recensés, seules 2 embauches sur 10 profitent à des chômeurs.

Le chômage ne baisse plus (donc, il remonte)

La décrue du chômage avait déjà marqué le pas en janvier avec une hausse de 0,7% (+ 13.200 personnes) des inscrits en catégorie 1, compensée par un recul équivalent le mois suivant. En mars, selon les chiffres de l'ANPE et de la DARES, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits dans cette catégorie - aussi «officielle» que restrictive [1] - a à nouveau augmenté de 0,4% (+ 8.200 personnes, pour un total de 1,905 million).

Sur ce premier trimestre 2008, le nombre des inscriptions en catégorie 1 a augmenté de 3,5% par rapport au dernier trimestre 2007. Les entrées faisant suite à un licenciement économique (+ 2,5%) ou pour motif personnel (+ 3,3%), les entrées consécutives à une fin de CDD (+ 3,4%) ou de mission d'intérim (+ 7,6%) ainsi que le nombre des premières entrées (+ 12,9%) sont toutes en hausse. A l'inverse, seules les sorties pour entrées en stage affichent une progression significative (+ 3,9%), celles pour reprises d'emploi déclarées n'ayant pris que 0,3%.

Sur un an, il est clair que la baisse s'essouffle : - 6,5% par rapport à mars 2007. Ce qui justifie les mesures répressives que le gouvernement souhaite adopter très rapidement contre les privés d'emploi - notamment au bout de 6 mois alors que le nombre de chômeurs de longue durée est reparti à la hausse -, dans l'idée d'afficher le glorieux taux de 5% (celui du «plein emploi» précaire), un objectif plus que malhonnête dans l'état actuel des choses.

Le «dynamisme»… de la précarité

Toujours en mars, le nombre d'offres collectées par l'ANPE a chuté (- 5,7%) et moins de la moitié d'entre elles (43%) portait sur des emplois considérés comme «durables», c'est-à-dire supérieurs à 6 mois. Christine Lagarde note que l'intérim a augmenté de 4,5% en janvier-février : selon elle, c'est la preuve que le marché du travail reste «dynamique» (une remontée d'acide ?). Drôle de conception du dynamisme quand on sait que les emplois détruits sont les emplois de qualité, et que les nouveaux emplois sont précaires, sous-payés, à temps partiel, encouragés par les gouvernements - de gauche comme de droite - à grands renforts d'allègements de cotisations… pour faire baisser le chômage.

Le taux officiel de l’INSEE du premier trimestre 2008 sera, lui, publié le 5 juin. Nous verrons à ce moment-là s'il infirme ou confirme la tendance.

[1] Rappel : afin d’obtenir le chiffre officiel de la création d'emplois en France, on inclut sans distinction toutes les catégories de postes (CDI, CDD, intérim, saisonnier, temps plein, temps partiel voire très partiel… bref, du meilleur au plus indigne), alors que pour le chiffre du chômage on ne recense qu’une seule catégorie de privés d'emploi et on ignore toutes les autres (huit au total + les 383.000 mal nommés «dispensés de recherche d'emploi»). Une disparité de calcul qui relève d’une mauvaise foi évidente !

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Mis à jour ( Mercredi, 30 Avril 2008 06:01 )