Je hais le travail

Dimanche, 16 Décembre 2007 21:01
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Peut-être que c’est un problème strictement personnel : ma haine du travail. Je n’ai pas dit haine de l’effort, ni de l’activité, j’ai dit la haine du travail.

Je n’en sors pas, depuis des semaines je suis bouffée par ça. Si vous voyiez ma tronche, dans ce putain de métro sur cette putain de ligne 13, chiffre de malheur, mes yeux tout mouillés par la colère ou le chagrin ou la fatigue, je ne sais même plus quand j’aperçois ma face tailladée d’ombre dans la vitre du wagon j’y lis tout en même temps ou bien plus rien. Comme dans ces yeux vides autour de moi, plus rien à lire que la hâte d’en sortir, d’en finir, d’une manière ou d’une autre.

Dans ces orbites creuses combien de rêves écrabouillés comme les miens ? Parmi ces corps entassés les uns contre les autres, combien de meurtrissures semblables à celle qui m’étreint l’épaule, et le cou, et le dos - depuis des semaines, à force de porter sur trop de kilomètres mon sac empli de trop de kilos de boulot, un torticolis, vissé dans mes chairs comme une minerve d’acier. Le corps ne veut plus. Comme mon âme il se cabre il gémit et crie révolution quand ma bouche se tait.

[...] Je sais faire autre chose, j’aime l’effort et l’activité mais je les aime quand ils ont du sens et qu’ils me grandissent au lieu de me blesser, je sais faire autre chose : j’appelle ça œuvrer, mais ce que je sais faire n’a aucune valeur dans l’économie de marché.

Dans le monde qu’on me vend comme le seul possible, comme le seul «réel» - «ah, soyez réaliste» - ce que je sais faire et que je fais bien ne vaut rien. Ou pas grand chose. Et l’on voudrait encore que je l’aime, ce monde «réel», et que j’acquiesce à ce système dispensateur de «biens» (de consommation) ? Et l’on voudrait que je vante les vertus du travail, en ignorant que ce n’est qu’une petite case de survie, une boîte dans laquelle on se plie, se replie, tout petit plié en 8 conformément au contrat puisqu’on n’a que ça en magasin ?

Combien sommes nous, dans ce cas-là, comprimés par le devoir de survivre et de gagner sa vie, combien d’entre nous abêtis, abrutis, adonnés à l’absurde ? [...]

=> Lire tout l'article de Judith Bernard pour le Big Bang Blog (et ses judicieux commentaires...)

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