Le «low-cost», une priorité pour le pouvoir d'achat ?

Mercredi, 12 Décembre 2007 20:47
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Charles Beigbeder, frère de Frédéric et Pdg de Poweo (concurrent d'EDF), a rendu aujourd'hui au secrétaire d'Etat à la Consommation Luc Chatel un rapport où il formule des propositions pour stimuler le développement des activités «low-cost» en France en vue d'améliorer le pouvoir d'achat des Français.

Hard-discount alimentaire, téléphonie mobile, transport aérien, médicaments sans ordonnance… les idées ne manquent pas et «la France est très en retard par rapport à ses voisins européens», dit-il. Dans ses arguments, on reconnaît les sempiternels marronniers libéraux de la simplification de l'offre avec réduction des coûts, et le constat de "réglementations inadaptées" et de "monopoles" qui nous privent "d'une réelle concurrence".

Alors qu'en matière de pouvoir d'achat l'INSEE, la Commission européenne et le CREDOC s'accordent pour mettre en cause la détérioration des salaires depuis 25 ans - l'écart entre travail et capital s'étant creusé grâce, notamment, à la pression d'un chômage de masse entretenu par les employeurs avec la bénédiction des politiques -, au lieu de dénoncer cet état de fait qui est une injustice évidente, la plupart des Français continue à croire que faire des heures sup’ ou travailler le dimanche (donc, s'engouffrer docilement dans la régression sociale) est le seul moyen de gonfler leur fiche de paie !

Même chose pour les prix : au lieu d'augmenter le Smic et relever les salaires, comme il n'est pas question de demander quoi que ce soit aux entreprises - et encore moins à celles qui font d'immenses profits - ni aux spéculateurs fonciers qui ont rendu le logement inabordable, il faut déployer un écran de fumée en faisant croire aux consommateurs qu'acheter moins cher (donc développer le «low-cost») est la seule solution !

Seulement voilà : produire moins cher pour vendre mois cher, quoiqu'en dise M. Beigbeder, c'est souvent rogner sur la qualité du produit ou du service mais, surtout… sur les effectifs, les conditions de travail et, bien évidemment, les salaires ! Faire croire aux gens qu'ils pourront acheter plus alors que les rémunérations continueront d'être tirées par le bas et que la création d'emplois de qualité ne sera pas encouragée, en voilà une belle escroquerie intellectuelle ! Mais, il faut le dire, chez les Beigbeder, c'est de famille.

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Mis à jour ( Mercredi, 12 Décembre 2007 20:47 )