Gérard Larcher découvre les vertus du service suédois de l'emploi

Lundi, 24 Octobre 2005 17:26
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Je suis un peu social-démocrate", a confessé le très gaulliste Gérard Larcher, ministre délégué à l'emploi, en levant son verre à la santé du ministre du travail suédois, Hans Karlsson, et de son hôte, l'ambassadeur de France à Stockholm, Denis Delbourg, mercredi 19 octobre. Un hommage français au modèle social suédois et à son taux de chômage, qui, bien qu'en hausse depuis trois ans, se situe autour de 6%.

Le ministre apprécie la Scandinavie. Après une visite au Danemark à l'automne 2004, M. Larcher, accompagné à nouveau de représentants du patronat et des syndicats (à l'exception de la CGT qui ne goûte guère ce tourisme social)­, s'est rendu, mercredi et jeudi, en Suède. A quelques jours du sommet social de Hampton Court en Angleterre, le 27 octobre, et du sommet des chefs d'Etat et de gouvernements européens consacré aux questions sociales et économiques, fin novembre, M. Larcher a abordé nombre de sujets avec M. Karlsson : notamment les directives sur les services (dite Bolkestein) et sur le temps de travail, ou sur le "modèle social européen".
"Il n'y a pas de modèle unique, mais nous sommes d'accord avec mon homologue suédois pour une harmonisation par le haut fondée sur le dialogue social", a fait valoir le ministre français. Des propos que n'a pas démentis son homologue suédois, M. Karlsson, ancien peintre artisan et ancien responsable de LO, le principal syndicat suédois, qui compte près de 2 millions de membres pour 9 millions d'habitants et 4,4 millions d'actifs. Un taux de syndicalisation à faire pâlir les responsables syndicaux français, qui ont sagement écouté le ministre leur vanter les mérites de "partenaires sociaux qui prennent leurs responsabilités". Et ce, à quelques jours de l'ouverture de la négociation sur l'assurance-chômage.

Jeudi matin, quand Linda Peterson, responsable d'une agence locale pour l'emploi de Stockholm, a présenté ses résultats en matière d'embauche des seniors et des jeunes, les questions des Français ont fusé. La CGPME s'est intéressée à la prise en charge par l'Etat d'une partie du salaire des seniors, la CFDT à l'interdiction de licencier les plus âgés en cas de plan social.
M. Larcher, lui, s'est passionné pour le sens de l'anticipation du service suédois de l'emploi, tout en faisant remarquer qu'il n'était pas venu chercher en Suède des "recettes miracles". De fait, le modèle suédois coûte cher : comme les Danois, les Suédois connaissent un taux général de prélèvements obligatoires qui dépasse les 53%. Le système a aussi ses contradictions. Les agences locales pour l'emploi peuvent mener des politiques différentes et les municipalités, chargées des politiques d'accompagnement des chômeurs, n'ont pas les mêmes pratiques.

Les syndicalistes français ont vivement sursauté quand le responsable de la structure pour l'emploi de la petite ville de Solna, à quelques kilomètres de la capitale, a déclaré : "Ça va vous paraître très bizarre, mais nous vendons des chômeurs." En fait, le maire conservateur, Anders Gustav, a expliqué qu'il s'agissait de "prêter gratuitement" des chômeurs à des entreprises pendant quelques semaines, pour qu'ils puissent y décrocher un emploi.

En conclusion de ce voyage, l'entreprise d'énergie suédoise Wattenfall a présenté son programme "80/90/100" pour les seniors : 80% du temps de travail, 90% du salaire et 100% des droits de pension de retraite maintenus. Peut être une piste pour M. Larcher, qui prépare un plan d'action pour les seniors.

Rémi Barroux pour Le Monde

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Mis à jour ( Lundi, 24 Octobre 2005 17:26 )