Fraude dans les transports : AC! écrit à J-L Borloo

Mercredi, 22 Décembre 2004 05:50
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- Un communiqué d'AC! Agir ensemble contre le chômage -

A l'attention de Monsieur Jean-Louis Borloo

Paris, le 21 décembre 2004.

Monsieur le Ministre,

Vous avez présenté au Parlement le projet de loi sur la cohésion sociale dans lequel vous affirmiez vouloir "restaurer le lien social", "donner leur chance à tous les talents", "lutter contre le chômage", et où vous regrettiez "le décalage entre les déclarations solennelles et l'effectivité de l'accès des plus démunis aux droits fondamentaux".

Or, sur plainte de la RATP et de la SNCF, 24 personnes démunies, RMIstes, chercheurs d'emploi, SDF, viennent de se faire condamner lourdement, le 5 octobre 2004, en application de la loi LSQ, par le TGI de Paris, à des peines allant d'un mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende à trois mois de prison FERME, plus le paiement des amendes, pour avoir utilisé les transports publics sans pouvoir en acquitter le prix.

Or le droit de se déplacer, avec ou sans ressources, est un droit fondamental et une condition sine qua non de l' "employabilité" telle que vous la concevez. Pouvoir se déplacer, maintenir des liens sociaux, familiaux, sont indispensables pour tous mais aussi du point de vue du "savoir être" de plus en plus requis par les entreprises lors du recrutement.

La loi LSQ, votée par la gauche, est particulièrement inique : en condamnant à des amendes élevées et à des peines de prison ferme des personnes "coupables" du "délit de fraude habituelle" (délit de pauvreté habituelle ?) car se déplaçant sans titre de transport faute de ressources suffisantes, elle ajoute l'exclusion à l'exclusion et punit les pauvres... d'être pauvres ! On revient au XIXème siècle !
Ceci au moment où la Région Ile-de-France, comme le font déjà de nombreuses collectivités territoriales, étudie la mise en œuvre de la gratuité des transports pour les chômeurs...

Aussi nous vous demandons :
- d'abroger la loi LSQ et la pénalisation des personnes démunies se déplaçant sans titre de transport ("délit de fraude habituelle")
- de demander à la RATP et à la SNCF un moratoire sur les amendes et poursuites pénales tant que cette loi ne sera pas abrogée et que la gratuité des transports pour les chômeurs, jeunes sans emploi, personnes au revenu inférieur au SMIC, ne sera pas instaurée.
- de bien vouloir vous substituer aux personnes condamnées (dont 95% sont sans ressources suffisantes pour les acquitter) pour payer les amendes qui leur sont infligées.

Nous vous demandons également un rendez-vous à ce sujet dès que possible.

Dans l'attente de votre réponse, dont nous vous remercions par avance, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de notre considération distinguée.

La Commission Transports d'AC!

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Mis à jour ( Mercredi, 22 Décembre 2004 05:50 )