Fake News ou Good News, qui arbitre ?

Vendredi, 26 Octobre 2018 18:06
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Ci-dessous un court chapitre de l'essai «Introductions au Complotisme de A à Z».

altUn projet de loi agite les microcosmes politico-médiatiques et dissidents en cette année 2018, celui visant à punir les inventeurs et propagateurs de fausses nouvelles, plus particulièrement à l’occasion des campagnes électorales.

Chacun convient qu’une multitude d’informations bidons circulent sur la Toile et parfois aussi sur les médias mainstream qui relaient complaisamment les mensonges officiels.

Dans ce registre aussi, on relève l’inversion accusatoire qui articule la rhétorique de nos dominants. Selon eux, des forces occultes chercheraient à manipuler l’opinion dans un sens défavorable aux intérêts du système, manipulations auxquelles eux-mêmes ne se livreraient évidemment pas. Ainsi les fake news, l’invention de fausses informations, seraient forcément œuvres de complotistes, de forces du mal, souhaitant déstabiliser les forces du bien et de la vérité. Certes il s’en trouve, ne minimisons pas la réalité. Mais leurs conséquences sont sans commune mesure avec les manipulations ourdies par des personnalités de premier plan, généralement présentées comme «respectables».

Parfois, il faudra des années, des décennies, pour qu’un de ces mensonges d’état soit enfin éclairé à la lumière de la vérité. Dans les chapitres précédents, nous en avons évoqué quelques-uns comme «Les Protocoles des Sages de Sion» si l’on considère qu’il s’agit bien d’un faux rédigé par les services secrets tsaristes. On peut aussi parler du massacre de Katyn (22.000 Polonais assassinés) attribué aux Nazis par jugement du Tribunal de Nuremberg en 1945, que le révisionniste de l’histoire officielle, Mikhaïl Gorbatchev lui-même, attribuera aux exactions commises par l’Armée rouge soviétique. Plus récemment, le Président Emmanuel Macron assurait lors d’un entretien télévisé avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, en avril 2018, détenir «la preuve» irréfutable de l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar El Assad, justifiant les bombardements américains et français d’objectifs militaires en Syrie. Trois mois plus tard, en juin 2018, cette «preuve» n’a toujours pas été portée à la connaissance des Français. Elle n’existe tout simplement pas !

L’histoire du monde, depuis l’antiquité, n’est que complots, désinformations, intoxications, manipulations… de la part de ceux qui aspirent au pouvoir et plus encore de ceux qui veulent y rester, s’y accrocher ou motiver par le mensonge des décisions aux conséquences catastrophiques. Nous pouvons compter sur le brillant universitaire Bruno Gollnisch (député européen sous l'étiquette RN) pour nous en livrer une analyse cinglante dans un de ses rendez-vous hebdomadaires vidéo, diffusé en janvier 2018 sur Youtube.

-  Bruno Gollnisch : «J’ai été indigné par cette prise de position du Président de la République parce que vouloir instaurer un ministère de la Vérité, c’est véritablement orwellien, au sens de George Orwell auteur d’écrits qui préfigurent la société totalitaire dans laquelle nous tendons à vivre. Qui va décider ce qu’est une fake news ? Moi je peux vous dire qu’il y a parfaitement de quoi contester les informations mensongères avec notre législation actuelle. […] On nous assure que cela concerne les élections. Mais il existe déjà des dispositions particulières qui imposent aux tribunaux de statuer dans des délais extrêmement brefs, par voie de référés, quand la diffamation intervient en période électorale. Il existe des dispositions du code pénale qui répriment la diffusion intentionnelle de fausses nouvelles. Il n’est rien besoin d’ajouter à la législation existante. Mais surtout quelle arrogance ! Qui va définir les fake news ? Le complotisme en serait. Moi je suis complotiste. Je considère qu’il y a des complots. Ce qui est extraordinaire c’est de voir monsieur Macron qui veut lutter contre le complotisme et qui nous affirme qu’il y a un complot pour noyer Internet sous de fausses nouvelles.

Ce qui passe très mal chez les politiques, et plus encore dans le pouvoir médiatique, c’est que des moyens de communication leur échappent. Ils sont à la disposition de n’importe quel citoyen qui peut ouvrir son blog, raconter ce qu’il veut sur Twitter… Ce que je trouve extraordinaire est que Youtube ou FaceBook pour assurer la censure qu’on les presse d’exercer font appel à des journaux. Le Monde pour FaceBook par exemple. Ce n’est pas un hasard puisque monsieur Codorniou, il me semble, est administrateur des deux, et que tout ça va donner lieu à des échanges financiers intéressants.

Ainsi, c’est Le Monde qui va exercer le ministère de la Vérité sur FaceBook ? Le Monde qui prétendait que l’arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh (Cambodge) était une libération quand on sait que ça s’est traduit par une déportation massive de populations, un génocide, qui a laissé sur le carreau des gens assassinés méthodiquement par centaines de milliers […]. C’est le journal Le Monde et une multitude d’autres journaux qui nous ont présenté les autopsies réalisées sur les cadavres de la morgue de Timisoara (Roumanie) comme des tortures de la Securitate (1) ? Autant de fake news !».

(1) Wikipedia nous apprend que : Le nom de Timisoara est dès lors resté associé aux manipulations dont les médias sont toujours susceptibles d'être à la fois les dupes et les relais. Dès la première diffusion des images aux téléspectateurs, il était visible pour un observateur un tant soit peu attentif, que les corps déterrés portaient de nombreuses cicatrices de plaies recousues trahissant des interventions chirurgicales et non des traces de tortures perpétrées par les services secrets de Nicolae Ceausescu, président de la Roumanie jusqu’en 1989.  

- Bruno Gollnisch poursuit : «Et qui dirigera ce ministère de la Vérité ? Les gouvernements qui sont plus sérieux, dira-t-on, que les particuliers ? Depuis la fin du XIXe siècle, les États-Unis sont entrés six fois en guerre, six fois sur la base de fake news… d’origines gouvernementales. La guerre contre l’Espagne (1898) a été déclenchée à la suite d’une explosion intervenue sur un cuirassier américain Le Maine, dans les eaux de Cuba à l’époque colonie espagnole. On a mis ça sur le compte d’un sabotage fomenté par l’Espagne. C’était purement et simplement un accident mais ça a permis aux USA de faire main basse sur Cuba et sur les Philippines. Lors de la Première Guerre mondiale – je me réjouis que les Américains soient entrés à nos côtés – ce qui a motivé leur engagement est le torpillage par un sous-marin allemand du paquebot Lusitania dont on a prétendu qu’il ne transportait que d’innocents civils, des femmes, des enfants… On sait aujourd’hui que ce paquebot était bourré de munitions jusqu’à la gueule, qu’en violation de leur neutralité les USA livraient à la Grande-Bretagne. Pour l’implication des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale – là aussi je me réjouis qu’ils soient venus à notre secours – on a soutenu à l’opinion américaine que le Japon était entré en guerre sans déclaration. En réalité, on a fait poireauter plusieurs heures les plénipotentiaires japonais qui venaient l’apporter au Secrétariat d’État américain en attendant que les hostilités commencent. Concernant la guerre du Vietnam, le président Johnson a intensifié l’engagement américain à partir d’un incident dit du Golfe du Tonkin au cours duquel on a prétendu que les Nord-vietnamiens avaient attaqué des navires états-uniens. C’était faux !

Pour faire basculer le Sénat américain en faveur de la première guerre du Golfe, alors qu’il était opposé à une intervention militaire, on a prétendu que les soldats de Saddam Hussein avaient débranché les couveuses des nouveaux-nés à Koweït City. C’était un mensonge d’état commandé à une agence de publicité qui avait embauché la fille de l’ambassadeur du Koweït et un dentiste tunisien ou libanais, je ne sais plus, pour monter l’affaire. (2) Et pour la deuxième guerre du Golfe, chacun se souvient du Secrétaire d’État américain Colin Powell brandissant devant le Conseil de sécurité de l’ONU la fiole sensée contenir une arme de destruction massive, un poison extrêmement violent, et qui ne contenait en réalité que du pipi de chat.

Quand on voit ça, on se dit qu’il y a sans doute des informations erronées qui circulent quand elles viennent de particuliers, mais moi je n’accorde pas plus de crédit aux informations qui viennent des états. Tout doit être contrôlé soigneusement pour éviter que les gens soient trop crédules. Jusqu’à présent ils l’ont beaucoup été».  

(2) D’autres sources, notamment le journaliste Dominique Jamet et Pierre Salinger (grand reporter, écrivain, porte-parole de John Fitzgerald Kennedy) soutinrent la thèse selon laquelle l’ambassadrice états-unienne en Irak, April Glaspie, ne dissuada pas Saddam Hussein d’envahir le Koweït. Elle l’aurait même encouragé. Cette option que d’aucuns qualifieront de complotiste à l’époque de sa révélation, figure aujourd’hui en bonne place sur la fiche Wikipédia «Invasion du Koweït» : «Le 25 juillet 1990, l'ambassadrice américaine en Irak demande au gouvernement irakien les raisons pour lesquelles son armée se déploie massivement du côté de la frontière koweïtienne. Elle déclare à son interlocuteur que “Washington, inspiré par l'amitié et non par la confrontation, n'a pas d'opinion” sur le désaccord entre le Koweït et l'Irak, rajoutant que “nous n'avons pas d'opinion sur les conflits arabo-arabes”. L'ambassadrice informe Saddam Hussein que “les États-Unis n'ont pas l'intention de commencer une guerre économique avec l'Irak”. Ces déclarations pourraient avoir amené le gouvernement irakien à croire qu'il avait reçu le feu vert des États-Unis pour envahir le Koweït». Rajout de l’auteur : Quoi qu’il en soit, les USA étaient parfaitement informés de l’imminence de l’invasion du Koweït et ont laissé faire. Ils se montreront plus fermes et dissuasifs en d’autres occasions.  

Depuis les attentats aux avions suicides du 11 septembre 2001, les nébuleuses islamiques Al-Qaïda et Daesh sont en tête des ennemis de l’Amérique. À ce titre, ils sont combattus sur tous les terrains depuis maintenant 17 ans, une période d’affrontements trois fois plus longue que la plus intense séquence de la Seconde Guerre mondiale (5 ans entre 1940 et 1945). Un «enlisement» d’autant plus suspect qu’il est aujourd’hui de notoriété publique que la création d’Al-Qaïda a été financée par les États-Unis et que Daesh l’a été plus récemment par l’Arabie Saoudite et le Qatar, deux des principaux alliés des USA au Proche-Orient. Ces informations, dénoncées pour fake news lors de leur apparition, ont été depuis confirmées par des sources qu’on ne peut contester, comme cette déposition d’Hillary Clinton, Secrétaire d’État américain de 2009 à 2014, diffusée sur CNN et Youtube :  

- Hillary Clinton : «Notre histoire, c’est aussi un peu d’entrer et sortir d’Afghanistan. Souvenons-nous, il y a 20 ans nous avons fondé les gens que nous combattons aujourd’hui. Nous l’avons fait parce que nous étions enfermés dans cette lutte contre l’Union soviétique. Ils avaient envahi l’Afghanistan et nous ne voulions pas les voir contrôler l’Asie centrale. Nous sommes allés au travail. Le président Reagan en partenariat avec le Congrès dirigé par les démocrates dirent : “Traitons avec l’ISI (services de renseignements pakistanais), avec l’armée pakistanaise. Recrutons des moudjahidin. C’est génial, allons recruter en Arabie saoudite et ailleurs, importons leur branche wahhabite de l’islam afin de battre l’URSS”.

Devinez quoi ? Ils se sont retirés, ont perdu des milliards de dollars et cela a conduit à la chute de l’Union soviétique. Alors ce n’était pas un mauvais investissement ! Mais faisons attention à ce que nous semons car nous allons le récolter. Nous avons ensuite quitté le Pakistan et nous leur avons dit : “Chargez-vous des dards que nous avons laissé partout”. Nous avons donc cessé de traiter avec l’armée pakistanaise et l’ISI, et nous essayons maintenant de compenser tout ce temps perdu».

Une version évidemment confirmée par Mohamed ben Salmane. Interrogé sur la propagation du wahhabisme, idéologie islamiste rigoriste née en Arabie saoudite et parfois accusée par la presse et des responsables politiques en Occident d’être une source du terrorisme, le prince héritier a déclaré que les investissements saoudiens dans les mosquées et écoles islamiques à l’étranger trouvaient leur origine dans le contexte de la guerre froide. Mohamed ben Salmane a expliqué qu’à cette époque les alliés occidentaux de Riyad avaient demandé à l’Arabie saoudite d’utiliser ses ressources afin d’empêcher l’Union soviétique de «conquérir le monde musulman ou d’y acquérir de l’influence». (Source : Interview au Washington Post le 22 mars 2017).

Ce contexte historique et les information confidentielles qu’il détient, conduiront le lanceur d’alerte Julian Assange (fondateur, rédacteur en chef et porte-parole de WikiLeaks) à écrire en février 2016 : «J'ai des années d'expérience dans le suivi d'Hillary Clinton et j'ai lu des milliers de ses courriels. Hillary manque de jugement et poussera les États-Unis dans des guerres stupides et sans fin, qui propageront le terrorisme. […] Elle ne devrait pas devenir président des États-Unis».

Wikipédia précise à la suite : «Cependant Julian Assange ne soutient pas son adversaire (Donald Trump), estimant qu'entre elle et lui c'est comme choisir entre le choléra et la gonorrhée ». Plus loin, l’encyclopédie en ligne nous rappelle que :

- Le 18 avril 2016, John Jones, avocat d'Assange au Royaume-Uni, meurt percuté par un train.

- Le 11 mai 2016, Michael Ratner, avocat d'Assange à New York, meurt d'un cancer.

- Le 10 juillet 2016, Seth Rich, informateur d'Assange au sein du Comité national démocrate, est tué par balles dans le dos. D'autres personnalités liées au DNC meurent de façon inquiétante en moins d'un mois, dont John William Ashe, le 22 juin 2016, asphyxié par une barre de musculation dans sa maison.

Dramatiques coïncidences, non ?

Pour Julian Assange, Clinton et Daesh sont financés par le même argent à en croire cet extrait d’une interview menée par le journaliste australien John Pilger, diffusée sur Youtube par RT – Russia Today.

- Julian Assange : «Il y a un mail d’Hillary Clinton de début 2014 adressé à son directeur de campagne John Podesta. Selon ce courriel, Daesh est financé par les gouvernements de l’Arabie saoudite et du Qatar. Cet email est le plus important de tout le lot parce que l’argent saoudien et qatari est dépensé un peu partout, même dans les institutions médiatiques. Tous les analystes sérieux ont reconnu que certaines personnalités saoudiennes avaient soutenu et financé Daesh. L’explication était que certains princes hors-la-loi dépensaient leur argent mais que le gouvernement désapprouvait. Selon cet email, ce sont bien les gouvernements d’Arabie saoudite et du Qatar qui ont financé Daesh».  

- John Pilger : «Les Saoudiens, les Qataris, les Marocains, les Bahreïniens, surtout les deux premiers, donnaient beaucoup d’argent à la fondation Clinton alors qu’Hillary était Secrétaire d’État. Et le Département d’État approuvait les ventes d’armes massives en particulier à l’Arabie saoudite».

- Julian Assange : «Selon les emails d’Hillary Clinton, il y a eu une discussion au sujet du plus gros contrat conclu avec l’Arabie saoudite, pour plus de 80 milliards de dollars. Quand elle était Secrétaire d’État, le total des exportations d’armes des États-Unis a doublé en termes de valeur».

- John Pilger : «En conséquence, ce groupe terroriste et djihadiste connu, Daesh ou État islamique, a été créé en grande partie par ces personnes qui finançaient aussi la fondation Clinton».

- Julian Assange : «Oui».

- John Pilger : «C’est incroyable !».

On s’explique mieux la «malédiction» qui a frappé les informateurs et les défenseurs de Julian Assange en 2016. Sous la menace d’une extradition aux États-Unis, le fondateur de WikiLeaks vit réfugié depuis 2012 à l’Ambassade d’Équateur à Londres. Il ne fait pas bon être lanceur de fake news… plus encore quand elles s’avèrent conformes ou proches de la vérité.

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Mis à jour ( Jeudi, 11 Avril 2019 16:33 )