Il est où, le changement ?

Mardi, 26 Juin 2012 10:31
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Putain, 2% ! C’est, d’après Les Echos, l’augmentation royale accordée aux Smicards par Hollande et son gouvernement «de gauche». Le coup de gueule de SuperNo.

Honte et trahison, après à peine un mois de pouvoir. Les illusions n’ont pas duré bien longtemps !

Finalement, je suis bien content de ne pas être allé voter dimanche 17. D’autant que le résultat a été pour les «socialistes» au-delà de toutes leurs espérances. On peut évidemment se réjouir que des gens qui ressemblent tellement à tout ce qu’un politicien ne devrait pas être, comme Morano, Le Pen, Lang, Royal, Guéant, Alliot-Marie, Vanneste, Novelli, De Charette, Muselier, Joissains, Peltier, Rosso-Debord et j’en passe, aient été foutus dehors avec grand fracas. Mais cette entrée en force de 320 députés «socialistes» désormais tout puissants, et qui n’ont que faire de l’opinion de leurs alliés Verts ou du Front de Gauche, est à mon sens très inquiétante. A 10 ans d’Etat UMP vont succéder 5 ans d’Etat PS. Un pouvoir absolu.

Ces gens-là ne sont pas de gauche ! On pourra évidemment discuter ce point, parler de morale. Bien sûr cette «gauche» va (peut-être) profiter de son bref (5 ans s’ils tiennent jusque là) passage au pouvoir pour autoriser le mariage homosexuel ou le vote des étrangers. Ce sont certes de bonnes mesures dans l’absolu, d’autant qu’elles ne coûtent pas grand chose à mettre en œuvre. Mais entre nous, les retombées sur la vie de l’immense majorité de nos concitoyens sera nulle. A l’heure de l’union libre et du divorce minute — tous deux expérimentés par Hollande lui-même —, je ne suis déjà pas persuadé de l’intérêt du mariage entre hétérosexuels, alors.

Quant aux étrangers, ils sont beaucoup moins nombreux que la propagande UMPFN veut bien le faire croire (la majorité de ceux qu’ils rejettent comme étrangers sont simplement noirs ou «musulmans d’apparence» mais surtout français et nés en France…) et même si à la marge cela peut apporter dans certaines zones quelques voix supplémentaires à gauche (c’est probablement le but principal de la manip’), cela ne changera majoritairement rien au résultat des élections, qui, comme on le voit, ne change lui-même pas grand chose.

Sur un plan économique, j’aimerais bien qu’on m’explique la différence entre la politique sarkozyste et la nouvelle politique «socialiste». Enfermées volontairement dans le carcan libéral européen, elles n’ont pas la moindre marge de manœuvre. Droite ou gauche, leur seul but est «la relance de la croissance» et leur seul moyen, «la réduction des déficits». A moins que ce ne soit l’inverse.

Tout ça n’est pas nouveau, depuis des années des socialistes occupent, comme des poissons dans l’eau, des postes qui sont par définition «de droite». La présidence de la commission européenne par Jacques Delors, celle de l’OMC par Pascal Lamy (l’ex-dircab de Delors à la commission), et bien entendu celle du FMI par DSK.

Elisabeth Guigou briguait même cette semaine le perchoir, après le double naufrage de Royal et Lang. Elle a d’ailleurs été battue à l’issue d’un vote de godillots par un éternel factotum de Fabius. Bref. Elisabeth Guigou est membre de la fumeuse Trilatérale, objet de bien des fantasmes. Je ne suis pas conspirationniste. Je ne crois en aucune manière que la Trilatérale soit l’organisation qui serait responsable de tous nos maux. Je ne pense même pas qu’il faille lui accorder en tant que telle une très grande influence. Mais en y regardant de plus près, on s’instruit quand même passablement.

D’abord, ce n’est pas une organisation secrète. Elle possède un site internet, où elle dévoile son objet et la liste de tous ses membres. En gros, il s’agit de faire se réunir des sommités représentatives des plus puissantes régions du monde : Amérique du Nord, Europe et Asie/Pacifique. Pour y parler des grands problèmes du moment. Un peu comme un café-repaire, mais en plus select. A priori ça ne mange pas de pain. Juste quelques louches de caviar.

En regardant de plus près, on s’aperçoit que ce qui réunit ces gens-là, c’est leur intérêt pour le capitalisme omnipotent et débridé, et une volonté de concentration des richesses entre quelques mains avides (dont les leurs et celles de leurs potes). Tiens, jusqu’à l’année dernière, le président pour l’Europe était Mario Monti. Ancien commissaire européen à la concurrence (libre et non faussée) avant de travailler pour le parrain des banksters (Goldman Sachs), il est aujourd’hui, comme chacun sait, chargé de recouvrer les prétendues créances des banksters en faisant payer les pauvres et en liquidant l’Etat italien. Son successeur à la Trilatérale, c’est… Jean-Claude Trichet. Tout juste retraité de la Banque Centrale Européenne, celle-là même qui faisait l’été dernier du chantage auprès de l’Italie pour la contraindre à saboter son secteur public.

Parmi les membres reconnaissables, quelques banksters, dirigeants de grandes entreprises, mais aussi des politiciens. En France, j’en reconnais trois. Par ordre alphabétique : Jean-Louis Bourlanges, «centriste» (de droite) et ouiouiste forcené. Ensuite, Jean-François Copé, qu’on ne s’étonnera guère de retrouver dans une organisation de crapules patentées : je l’ai dit, je le répète, il est pire que Sarkozy. Et enfin, après toutes ces caricatures de droite : Elisabeth Guigou.

Soyons clair, ce n’est pas l’appartenance de madame Guigou à une organisation de coquins qui prétendent faire perdurer et accentuer les privilèges d’une oligarchie sur le dos de la majorité qui pose problème. Après tout, chacun a le droit de défendre ses opinions et de militer à l’UMP. Ce qui est scandaleux, c’est que cette personne se proclame «socialiste», «de gauche», et qu’elle prétende représenter le peuple français, qui plus est en allant se faire élire dans le 93, où les pauvres sont majoritaires. La région parisienne est effectivement un but de parachutage très prisé : inutile de faire des heures de bagnole, de train ou d’avion tous les week-ends pour aller serrer la pince des bouseux sur les marchés, ils sont à quelques minutes d’un cossu domicile parisien.

Guigou est une disciple du ouiouiste Jacques Delors. Il y en a hélas beaucoup d’autres dans ce gouvernement, à commencer par Hollande lui-même. D’ailleurs, si quelqu’un peut me donner le nombre de nonistes de 2005 dans ce gouvernement. Montebourg, Cazeneuve, Taubira, Hamon… OK… Fabius ? Oui mais ça ne compte pas, ce n’étaient pas des convictions mais un calcul politicard. Je ne sais même pas s’il y en a un autre. Ceux qui croyaient que l’influence de DSK avait disparu en même temps que le gourou se trompaient. Moscovici, Fabius, Valls, Touraine, Peillon sont parmi les ministres les plus influents. Et l’intrigant Cambadélis s’apprête à prendre le pouvoir au parti.

Hollande et son gouvernement de socialistes sont tellement de gauche qu’ils se sont bruyamment réjouis de la victoire de la droite en Grèce ! C’est tout bonnement ahurissant. Cette même droite qui a creusé la dette dans les années 2000 et qui est responsable de la mouise actuelle, et à laquelle a succédé la «gauche» de Papandreou, qui s’est pliée à toutes les volontés des banksters. Qui peut croire que ces pieds nickelés, après avoir provoqué la catastrophe, pourraient la réparer ? Autant confier à Dutroux et Heaulme une mission de protection de l’enfance.

Hallucination encore en voyant Hollande à la tribune du sommet Rio+20. Qu’est-il allé faire là-bas, lui qui ne comprend strictement rien à l’écologie et dont la seule compétence dans le domaine consiste à savoir proposer des postes aux Verts pour qu’ils ferment les yeux et surtout leur gueule devant le délire croissanciste des socialistes ? 18 députés, 2 ministres, il est vrai que ça fait plusieurs dizaines de responsables écolos à l’abri du besoin pendant 5 ans, ce qui, en ces temps de chômage et de crise, est toujours bon à prendre.

Il vient même, comme Sarkozy l’avait fait sur demande de Bongo, de débarquer la surprise Nicole Bricq, qui n’était pas écolo mais semblait en passe de le devenir, sur ordre du lobby pétrolier : cette imprudente s’opposait aux forages de Shell au large de la Guyane. Allez hop, va voir ailleurs si j’y suis, et on reprend les forages. Et les Verts, dans tout ça ? Sans doute trop occupés à profiter de leur pouvoir d’achat tout neuf, on ne les a pas entendus, et surtout pas vu démissionner. Ils ont donc déjà avalé la croissance omniprésente, le nucléaire, et maintenant ça, le passage est fait, ils avaleront donc tout le reste et c’est tout ce qui leur est demandé.

Qu’est-ce qu’il est donc allé raconter, à Rio ? «La croissance, la croissance, la croissance» ? Comme Chirac, comme Sarkozy, il est allé se façonner une image totalement frelatée de sauveur de la planète ? Alors que comme les deux autres, et comme tous les chefs d’Etat occidentaux, il restera dans l’histoire comme un neuneu, un irresponsable, un aveugle, un pillard, et un massacreur de planète ? Comme les autres, il détournera le texte final pour qu’il devienne acceptable par tous et donc vidé de tout sens et de toute contrainte. En plus de comporter un nombre indécent d’occurrences du mot croissance... Il encouragera la financiarisation de l’environnement, cette nouvelle mode qui présage de nouveaux naufrages.

Pour finir en beauté ce parcours écologique, signalons que ce tout nouveau gouvernement socialiste a dégagé cette semaine les manifestants contre le débilissime Ayraultport de Notre Dame des Landes à coup de CRS, de matraque et de gaz lacrymogènes. Comme un vil Sarkozy, en quelque sorte…

Parlons enfin d’Europe et de finance. Car c’est là qu’un président de Gauche devrait faire la différence. Surtout après avoir promis de mettre la finance au pas. Or il semble bien qu’au contraire, c’est la finance qui est train de le mettre au pas. Hollande va bien être un président normal, c’est-à-dire comme les autres. En échange d’une foutaise qui consiste à trouver (comment ? en creusant encore la dette, évidemment !) 130 milliards d’euros pour la croissance, Hollande s’apprête à signer le 29 juin le traité Merkozy qui nous mettra encore davantage dans les griffes des banksters, et mettra nos finances sous tutelle. Ceci n’est pas vraiment surprenant, tant ces socialistes nous ont systématiquement trahis dès qu’il s’est agi d’Europe.

Foin de la démocratie, ce seront désormais les ultralibéraux de la commission, les usuriers de la BCE et les racketteurs du FMI, tous valets de chambre des banksters, qui décideront à notre place de la politique économique de la France. Qui ordonneront de réduire les déficits publics, de supprimer des fonctionnaires, d’augmenter la TVA, de nous ruiner jusqu’au dernier centime ou, pire encore, quand bon leur semblera.

Quand on sait que l’issue de tout cela, c’est de réélire un Copé ou un Fillon en 2017, il est plus que temps d’envisager une insurrection populaire. Une vraie.

(Source : Le blog de SuperNo)

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Mis à jour ( Mardi, 15 Janvier 2013 20:30 )