Occupons Pôle Emploi, bilan d'une journée d'action

Mercredi, 18 Janvier 2012 11:01
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En province, les occupations d'agences ont été bon train. Et comme par hasard, à Paris, le cabinet de Xavier Bertrand a daigné recevoir une délégation de représentants des chômeurs.

Sur “Occupons Pôle Emploi”, rien dans les journaux télévisés ni sur les autoroutes de la désinformation type BFMTV ou i>Télé. Et très peu de chose dans la presse :
la dépêche AFP officielle
l'action de Lille
celle de Dunkerque
celle de Montauban
celle de Bordeaux
celle de Paris/Clichy-la-Garenne

Pourtant, un peu partout en France (à Vitry, Clermont Ferrand, Pontivy, Quimper, Redon, Rennes, Montpellier, Nice, Toulouse, Lyon…), une quinzaine de sites ont été envahis dans la journée. A croire qu'à côté du naufrage d'un navire de croisière en Italie et le triomphe de Jean Dujardin à Hollywood, cet événement national ne faisait pas le poids.

Mais nous sommes habitués : dès qu'il s'agit d'actualité sociale, dès qu'il s'agit de donner un peu de visibilité/parole aux chômeurs, c'est l'omerta médiatique. En France, plus il y a du chômage, plus on planque ses victimes sous le tapis.

L'invitation cavalière du ministère

Début décembre, le Mouvement national des Chômeurs & Précaires avait demandé à Xavier Bertrand à participer au «sommet pour l'emploi» qui a lieu aujourd'hui. Aucune réponse ne lui a été adressée. Puis comme par hasard, hier matin, alors que paraissait une tribune de Philippe Villechalane dans Le Nouvel Obs dénonçant le mépris du gouvernement envers les chômeurs, le cabinet de Xavier Bertrand a convoqué à la dernière minute le collectif des "historiques" (AC!, APEIS, MNCP) au ministère du Travail.

Cinq représentants des trois associations ont été reçus dans l'après-midi par un conseiller du ministre (donc, même pas par Xavier Bertrand lui-même !). Ils ont déploré l'exclusion des Chômeurs et Précaires de ce sommet antisocial, exposé problèmes que rencontrent les chômeurs, et présenté leurs revendications. «Il était important pour nous de faire un coup de projecteur sur les organisations de chômeurs» qui sont toujours tenues à l'écart des grandes échéances les concernant, a déclaré le MNCP à l'issue de cet entretien.

Un rendez-vous pour des prunes

Tout ça pour ça, sachant que les jeux sont faits et que ce sommet sera 100% patronal. Une preuve ? Les annonces gouvernementales sur le «bouquet de réformes» urgentes à mettre en œuvre face à la montée du chômage — TVA "sociale", accords "compétitivité-emploi"… — et le fait que, dans le cadre de la préparation de ce sommet, si Xavier Bertrand a bien reçu les cinq organisations syndicales "représentatives" (en vérité, pour la galerie), il a multiplié les auditions de mouvements patronaux non représentatifs comme CroissancePlus, Ethic, Parrainer la croissance, CJD, 100000 entrepreneurs… afin de recueillir leurs idées. Si les associations de chômeurs n'ont pas été invitées, c'est parce que 90% des mesures qui vont jaillir de cette mascarade concerneront le salariat, qu'il s'agit de laminer : les privés d'emploi, eux, sont au bon endroit — au fond du trou — et peuvent bien y rester.

Tout ça pour ça, sachant que l'occupation d'une CAF parisienne avait été prévue dans l'après-midi avec d'autres collectifs dont L'Appel et la Pioche. Mais, prises de court, les associations "historiques" en mal de reconnaissance ont préféré annuler le projet d'action décidé collectivement la semaine précédente afin d'honorer ce grossier rendez-vous ministériel. Un changement de programme sans concertation qui risque de laisser des traces (négatives) et compromettre (un peu plus ?) l'unité entre les collectifs et associations de Chômeurs et Précaires, déjà laminée par la CGT-Chômeurs qui, depuis plusieurs mois, fait les choses dans son coin. C'est bien dommage.

SH


La délégation est sortie du ministère...





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Mis à jour ( Jeudi, 08 Mars 2012 09:37 )