Xynthia et la commisération sarkozyste

Mercredi, 03 Mars 2010 16:56
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Pour Nicolas Sarkozy, il y a des catastrophes qui sont moins acceptables que d'autres. Zoom sur une compassion à deux vitesses.

Chopée au Zapping, cette déclaration présidentielle : «Comment en France, au XXIe siècle, des familles peuvent être surprises dans leur sommeil, mourir noyées dans leur maison ? Nous devons faire de toute urgence la lumière sur les causes de ce drame inacceptable et incompréhensible.»

Une réaction de riche occidental dans toute sa splendeur, de surcroît truffée de contradictions qui nous font douter, une fois de plus, de ses capacités intellectuelles...

Incompréhensible ? Les catastrophes naturelles ont toujours existé, et existeront toujours. En France, nous avons la chance d'être dans une zone du globe relativement épargnée : de ce fait, nous y sommes peu habitués et quand tombe la neige, c'est un peu la panique. Quand déboule Xynthia, dernier modèle de cataclysme, les bras nous en tombent. Cependant, avec le réchauffement climatique (dont le libéralisme économique effréné - que Nicolas Sarkozy a cautionné et cautionne encore malgré la crise et ses enjeux - est la cause principale depuis 30 ans), au Nord comme au Sud, les catastrophes naturelles s'accentueront ou prendront de nouvelles formes. À vouloir défier la Nature et l'exploiter sans respect ni limites, voilà à quoi on expose l'humanité.

Inacceptable ? Depuis qu'il est apparu sur Terre, l'être humain a toujours mis son intelligence au service de sa fragilité afin d'améliorer sa condition en luttant contre la précarité de l'existence, que ce soit par le biais de la science ou d'une organisation sociale. Il n'y a que Laurence Parisot pour estimer que la précarité est une fatalité et, finalement, plutôt une bonne chose. Laurence Parisot, présidente d'une organisation patronale «naturaliste», que sert avec zèle Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy qui, paradoxalement, va ici à l'encontre de ce «naturalisme» d'usage en déplorant la précarité… de l'homo-propriétarius (ce modèle français qu'il appelait de ses vœux) en dépit, par exemple, du risque à construire dans certaines zones : quand il s'agit de pognon, une fois de plus on ferme les yeux et on se moque de Dame Nature. Mais M. Sarkozy, allié de Mme Parisot et de ses sbires, ne prend jamais la parole pour déplorer la précarité économique (fort peu «naturelle» car volontairement entretenue) des victimes d'un système qu'il défend, bien au contraire : il les stigmatise aux yeux de l'opinion et s'évertue à détruire le peu de protections et de droits dont ils peuvent bénéficier depuis le programme du Conseil National de la Résistance.

Souhaite-t-on faire la lumière sur les milliers de morts de Haïti et du Chili ? Souhaite-t-on faire la lumière sur les millions de cadavres qui s'entassent chaque année dans les pays pauvres à cause des maladies (dont les remèdes ne sont accessibles qu'aux riches) et, surtout, de la faim (25.000 morts par jour) que la mondialisation spéculative n'a pas endiguée malgré ses soi-disant bienfaits ?

Re-voilà le riche occidental qui se plaint de ses petits bobos alors que l'humanité pauvre et souffrante subit en silence sa rapacité hégémonique.

Drôles de drames... Balayant devant sa porte, Nicolas Sarkozy souhaite-t-il faire la lumière sur les causes profondes de la crise qui, détruisant des emplois par centaines de milliers et dégradant ceux qui restent, jette dans le chômage puis la pauvreté des millions de Français ? Souhaite-t-il faire la lumière sur la précarité énergétique dont souffrent 3,4 millions de ménages ? Souhaite-t-il faire la lumière sur le mal-logement qui en touche 10 millions ? A-t-il remarqué que, dans la rue ou le métro parisien, il y a de plus en plus de mendiants et de SDF (un mort par jour chaque année) ? S'intéresse-t-il seulement aux causes de la mort de Français au travail (2 décès par jour dans le seul secteur privé) ? Non.

Depuis quelques temps, moins on le voyait, mieux on se portait. Sur ce coup-là, une fois de plus, Nicolas Sarkozy a loupé une occasion de se taire.

SH

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Mis à jour ( Mercredi, 03 Mars 2010 20:41 )