Moins de chômeurs, plus de Smicards !

Vendredi, 30 Novembre 2007 02:13
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Le chômage continue de baisser, nous dit-on : encore 23.000 demandeurs d'emploi de catégorie 1 en moins en octobre, soit un recul de 9,8% sur un an équivalant à 200.000 chômeurs, selon le ministère de l'Emploi. Ce qu'on ne nous dit pas, c'est que la précarité et les bas salaires se substituent chaque jour au chômage de masse.

Bien que les seuls chiffres de l'ANPE ne soient pas fiables, on voit qu'ils continuent d'être annoncés chaque mois pour redorer le blason d'un gouvernement qui patine... Et, dans le détail, on s'aperçoit que la réactivation des contrats aidés n'est pas étrangère à ces résultats, puisque Bercy a réinjecté une rallonge de 560 millions d'euros afin de maintenir jusqu'à fin décembre le rythme qui avait été imposé par Jean-Louis Borloo.
En 2006, on en recensait déjà 358.000 (dont une grosse partie dans l'Education nationale, saignée par les suppressions de postes). On ne cesse de le dire ici : ces contrats coûtent une fortune à l'Etat, maintiennent leurs "bénéficiaires" dans la pauvreté et l’assistanat, tandis que les seuls à en tirer un large bénéfice sont les employeurs.

La France, abonnée au Smic

Tel est le constat de Guillaume Duval dans l'excellent magazine Alternatives Economiques :

(...) « Afin de favoriser la création d'emplois peu qualifiés en plus grand nombre pour lutter contre le chômage de longue durée des personnes sans qualification [NDLR : et là nous mettons un bémol, car les contrats aidés sont aussi imposés à des personnes qualifiées], les gouvernements qui se sont succédés depuis vingt ans ont multiplié les exonérations de charges sociales à proximité du Smic. Cette politique a eu un grand succès : on a créé en France beaucoup d'emplois mal payés ces dernières années.
Mais elle a eu de nombreux effets pervers. Sur les 27 pays de l'Union européenne, 21 ont un Smic, ainsi d'ailleurs que les Etats Unis. Et contrairement à une idée reçue, le Smic français n'est pas le plus élevé : il est inférieur à ses équivalents belge, néerlandais, irlandais ou encore britannique. Mais, parmi tous ces pays, la France présente un profil très particulier : avec 15% de Smicards, elle est de très loin le pays où le pourcentage de salariés "abonnés" au salaire minimum est le plus important. Au Royaume-Uni, par exemple, seuls 2% des salariés touchent le Smic et les proportions sont analogues dans la plupart des autres pays riches. Le seul pays qui se rapproche de la France sur ce plan, c'est la… Bulgarie. La France est aussi, pour cette raison, le pays d'Europe où la distribution des salaires est la plus concentrée vers le bas de l'échelle. D'où évidemment l'extrême sensibilité de la question du pouvoir d'achat chez les salariés. »

Grâce au chômage de masse, depuis trente ans, la précarité a explosé et les salaires ont baissé. Aujourd'hui (et la plupart des salariés qui ont perdu leur emploi s'en aperçoivent avec amertume), s'il semble plus facile de trouver du travail qu'il y a cinq ans, retravailler signifie : renoncer à gagner correctement sa vie.

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Mis à jour ( Mercredi, 13 Avril 2011 21:26 )