Parachutes dorés : promesse non tenue

Vendredi, 08 Juin 2007 12:12
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Nicolas Sarkozy, qui s'est pris pour l'«héritier de Jaurès» durant sa campagne et, en faux défenseur de «la France qui se lève tôt», racolait l'électorat populaire en promettant de "moraliser la vie économique" et d'interdir la "pratique détestable" des parachutes dorés, n'a bien évidemment pas tenu parole.

Il y a un an, lors de son fameux discours d'Agen, le futur président de la République dénonçait les grands patrons qui négocient "une prime d'éviction en forme de parachute en or" après avoir conduit leur entreprise à l'échec, ce qui "n'est rien d'autre qu'une forme d'abus de bien social". Pour ceux qui filent en pleine nuit avec les meubles et la caisse, il avait promis une tolérance "double zéro". Mais, une fois élu, il ne tiendra pas ses engagements : son avant-projet de loi sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat (Tepa) ne prévoit qu'un simple "encadrement" des indemnités versées aux PDG et de l'attribution des stock-options, qui seront désormais subordonnées à "certaines conditions de performance fixées dès le départ" par le conseil d'administration.

L'association de petits porteurs Appac, qui souhaitait l'interdiction complète des parachutes dorés, a exprimé sa "déception totale". Elle remarque que le projet de loi, "élaboré sans concertation avec les petits actionnaires", n'aborde pas le cas des primes de non-concurrence et des retraites-chapeaux, pourcentage du salaire négocié par le dirigeant en fin de carrière et versé tout au long de sa retraite. Elle remarque aussi que la loi française ne pourra pas non plus s'attaquer aux indemnités des dirigeants d'entreprises de droit étranger, comme EADS, société de droit néerlandais. Didier Cornardeau, président de l'Appac, a même ironisé : «Patrons de multinationales, vous n'avez rien à craindre, vos parachutes seront toujours dorés !»

Le Medef, lui, a salué ces mesures qui "ont l'avantage de rendre les indemnités plus tranparentes, tout en permettant à la France de conserver son attractivité"... C'est bien connu : avec le Medef, l'enrichissement d'une poignée d'individus se métamorphose subitement en attractivité nationale. Et ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui va les contrarier.

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Mis à jour ( Vendredi, 08 Juin 2007 12:12 )