Pour le CSA, un tiers de l'UDF fait partie de l'opposition !

Jeudi, 15 Juin 2006 21:22
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François Bayrou, «premier opposant... à la stupidité» du Conseil supérieur de l'audiovisuel. C'est par cette boutade que le président de l'UDF a réagi hier à la décision du CSA, gendarme de l'audiovisuel qui a annoncé qu'à compter du 14 juin ses interventions radio-télévisées seraient décomptées sur le temps de parole de l'opposition.

Tout comme celles des dix députés centristes (sur trente) qui avaient, comme lui, voté le 16 mai la censure contre le gouvernement Villepin déposée par le PS dans l'affaire Clearstream.

«Oukase». Situation ubuesque assurée : François Bayrou, président de l'UDF, parlera sur le quota de l'opposition, alors que François Sauvadet, porte-parole du groupe UDF à l'Assemblée nationale, s'exprimera lui sur le quota de la majorité. Même s'ils se sont personnellement prononcés en faveur de la censure, les sénateurs et députés européens centristes seront eux toujours présumés s'exprimer au nom de la majorité, sauf déclaration contraire expresse de leur part auprès du CSA...

Evoquant une initiative «sans queue ni tête», François Bayrou a aussitôt tiré parti d'un «oukase», révélateur des «dérives de notre pays» : «De quel droit une instance nommée par le pouvoir, saisie par le parti dominant, s'arroge-t-elle le droit de juger la situation d'un parti politique contre son gré ?», a protesté le probable candidat UDF à la présidentielle. Et d'ajouter que «l'Etat-UMP ne recule devant rien pour imposer ses vues et plier toutes les institutions à ses intérêts partisans».
Une protestation largement relayée chez les centristes. «Cette décision est arbitraire et absurde, s'indigne le député européen Jean-Louis Bourlanges. Faut-il donner un brevet de bonne conduite majoritaire à tous les députés de l'UMP qui ont été à la buvette au moment du vote de la censure ?»

«Plaisanterie». Les socialistes, pas vraiment ravis de voir le leader UDF risquer de leur disputer de précieuses minutes d'expression audiovisuelle, sont tout aussi remontés. (...) Le Parti socialiste demande donc au CSA «d'annuler le plus rapidement possible sa décision». Et chacun de soupçonner derrière cette jurisprudence brouillonne une manoeuvre politicienne. Le CSA «est devenu l'annexe du Palais de l'Elysée et de ses désirs», a déclaré Arnaud Montebourg, estimant que Dominique Baudis devrait «remettre sa démission». Les Verts ont, eux, dénoncé «une décision qui relève de la plaisanterie». Pour le PCF, le CSA a fait un choix «partisan».

Rires. Bizarrement, au sein de l'UMP, le «succès» de la démarche de Bernard Accoyer est pour le moins discuté. Il n'y avait guère hier que le très villepiniste Hervé Mariton pour se féliciter : «Bayrou n'est pas très tendre avec le gouvernement, c'est le principe de réalité qui prévaut.» Chez les députés sarkozystes, en revanche, l'heure n'était pas à la fanfaronnade : «Ce n'est pas parce qu'il censure un gouvernement qu'un groupe passe dans l'opposition, a protesté le député Dominique Paillé. Cette mesure dessert l'UMP, parce que nous devenons monopolitisques et qu'il est préjudiciable qu'une seule sensibilité de la majorité soit représentée.»

De retour au siège de l'UDF après la séance des questions au gouvernement, Bayrou en rigolait encore : «Les députés UMP ne m'ont jamais autant témoigné de sollicitude. Ils m'ont tous dit : "C'est pas possible, ils n'en ratent pas une." Ils sont juste désolés pour eux-mêmes !»

(Source : Libération)

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Mis à jour ( Jeudi, 15 Juin 2006 21:22 )