Patrons par obligation, non par conviction

Mardi, 04 Décembre 2007 16:14
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Devant la pénurie d'emplois, de plus en plus de chômeurs montent une entreprise dans l'unique but de créer… le leur. Ainsi, en 2006, ils étaient 113.000 à se lancer.

Ces chômeurs, rapporte l'INSEE, ont représenté 40% des créateurs d'entreprises alors que cette proportion n’était que de 34% en 2002. Les trois quarts d'entre eux ont reçu une aide : essentiellement le dispositif ACCRE qui exonère de cotisations sociales pendant un an, et plus rarement la prime Eden ou le PCE (Prêt à la création d'entreprise). Leur motivation première étant d'avoir enfin un emploi, tandis que d'autres créateurs visent l'indépendance ou une augmentation de revenus.

Mais l'INSEE souligne que cette initiative est «plus souvent motivée par nécessité économique que par esprit d'entreprise» - puisque 67% des nouveaux entrepreneurs déclarent avoir monté leur affaire dans le but de s'assurer un emploi, soit 10 points de plus qu'en 2002 - et que les moyens financiers investis pour démarrer restent «très faibles» : un tiers des lancements n'ont mobilisé que 4.000 € de mise de fonds pour l'installation des locaux, l'achat de matériel ou la constitution des stocks.
Autre signe révélateur : sur les 286.000 nouvelles entreprises qui ont vu le jour l'année dernière, 81% ne génèrent pas d'autre emploi que celui de leur créateur. D'ailleurs, l'INSEE note que le nombre de créations d'entreprises sans salarié a progressé de 33% entre 2002 et 2006.

Malheureusement, l'INSEE ne dit rien de plus sur la longévité de ces structures, ni sur le devenir de ceux qui ont échoué.

Bien sûr, Christine Lagarde ne manquera pas de se réjouir publiquement pour déclarer que la création d'entreprise a le vent en poupe dans notre beau pays ! Or, nous ne sommes pas dupes : ce phénomène n'est pas un signe de bonne santé économique et masque une réalité peu reluisante.

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Mis à jour ( Mardi, 04 Décembre 2007 16:14 )