«Les banques veulent mettre la main sur l'argent du livret A»

Jeudi, 10 Mai 2007 22:15
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Pour Dominique Dujols, directrice des relations institutionnelles de l’Union sociale pour l’habitat, la décision prise par Bruxelles jeudi de casser le monopole de la Banque postale, des Caisses d’Epargne et du Crédit mutuel sur les livrets A et bleus met «un grand coup de pied dans la colonne vertébrale du financement du logement social».

• En quoi la décision de la Commission affecte le logement social ?

Environ 70% de chaque HLM est financé grâce à des prêts de la Caisse des dépôts, qui centralise les petites économies déposées sur les livrets. Si les trois établissements distributeurs perdent leur monopole, les sommes placées vont diminuer parce que les grandes banques vont orienter leurs clients sur des placements plus rentables pour elles. Seuls les pauvres, qui utilisent les livrets comme un compte courant, vont rester à la Banque postale et aux Caisses d’Epargne, dont les coûts augmenteront. Ils auront toujours les petits livrets avec de nombreuses opérations, mais plus ceux qui sont stables et bien garnis pour compenser.

• Mais la Commission enjoint le gouvernement d’imposer les mêmes obligations à toutes les banques...

Comme si les pauvres allaient fermer leur livret pour aller à la BNP ! De toute façon, les grandes banques commerciales n’ont pas de réseau dans les quartiers populaires et les campagnes. Et ils n’ont pas non plus le personnel qui sait s’occuper de ces populations.

• Cette question relève de l’accès aux services bancaires, pas du logement social...

La vérité, c’est que les banques se sont prises d’amour pour le logement social depuis qu’elles veulent mettre la main sur le livret A. Non seulement les sommes déposées vont diminuer, mais c’est le rôle de la Caisse des dépôts qui risque d’être remis en cause dans un deuxième temps. Un jour, les banques voudront gérer et prêter l’argent elles-mêmes aux constructeurs de logements sociaux, mais à leurs conditions. C’est ce qui s’est passé pour le Codevi et les petites et moyennes entreprises.

• N’est-ce pas à l’Etat d’imposer un cahier des charges?

Ce n’est pas si simple. On a un système complexe qui permet de transformer en prêts à très long terme de l’épargne qui reste disponible à tout moment pour les propriétaires de livret A. Depuis l’existence de ce produit, on n’a jamais connu un crac. Ce qui est loin d’être le cas dans l’histoire des banques.

(Source : 20 Minutes)

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Mis à jour ( Jeudi, 10 Mai 2007 22:15 )