Le rapport Larcher sur la formation des chômeurs : poisson d'avril

Lundi, 09 Avril 2012 19:27
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Robert Crémieux, du Mouvement national des Chômeurs & Précaires, l'a lu. Et dit ce qu'il en pense...

Le rapport du sénateur Larcher sur la formation professionnelle, demandé par le président de la République en janvier dernier à l'occasion du "sommet social" sur l'emploi, a été rendu public sur le site de l’Élysée, vendredi 6 avril.
Sur la forme, ce rapport apparaît n'être qu'une commande électorale destinée à conforter le programme du candidat Sarkozy. Sur le fond, il n'apporte rien que l'on ne sache déjà en matière de constat sur les dysfonctionnements et carences du système.

Ce rapport est hors sujet. Il porte sur l'ensemble des questions de la formation professionnelle, après les nombreux rapports, lois et réformes qui se sont succédés ces dernières années. Il n'aborde la question de la formation des demandeurs d'emploi qu'à la marge. Or, c'était sur ce terrain qu'on l'attendait, puisque le point de départ était le constat fait par le président-candidat lui-même sur l'insuffisance des résultats dans ce domaine et sa proposition «révolutionnaire» de rendre obligatoire la formation des chômeurs, quitte à instaurer celle-ci par référendum.

Un nouveau sigle : CFE

La seule proposition notable du rapport Larcher en la matière consiste à insister à nouveau sur les "droits et devoirs" des chômeurs. Ainsi, un "Contrat Formation Emploi" serait soumis à la signature des chômeurs par Pôle Emploi :

Proposition n°15 : Mettre en place un «Contrat Formation Emploi» (CFE) liant le demandeur d’emploi et Pôle emploi pour la mise en œuvre d’une formation correspondant à des emplois disponibles ou des potentialités d’emplois. A l’issue de la formation, le demandeur d’emploi sera tenu dans les conditions fixées par la loi relative à l’offre raisonnable d’emploi d’accepter de candidater aux emplois disponibles. A défaut d’emploi disponible, ou si sa candidature n’est pas retenue, ses droits à indemnisation seront «rechargés». (p. 29)

Dans le même temps, le rapport prend bien soin de préciser qu'il ne s'agit d'accorder ni des moyens budgétaires nouveaux, ni de modifier les cotisations alimentant les fonds de la formation professionnelle. Tout en avançant l'objectif de faire passer le nombre des chômeurs accédant à une formation de 20% à 40% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi ! Les lecteurs se demandent encore par quel tour de magie...

Rien n'est en effet précisé en ce qui concerne le rôle stratégique que doit jouer Pôle Emploi. Il faudrait donc se contenter de mémoriser l'apparition d'un énième sigle, le CFE, dans la panoplie déjà bien fournie du service public de l'emploi. Sans compter que proposer un "contrat" de plus aux demandeurs d'emploi aurait de quoi faire rigoler des deux côtés du guichet, si le sujet n'était si grave.

L'ensemble ne fait pas très sérieux. Le rapport Larcher semble d'ailleurs déjà aux oubliettes et n'a suscité que quelques rares commentaires embarrassés même parmi les journaux les plus dévoués à la cause du président-candidat. Ainsi, Le Figaro constate, dépité, sous la signature de Marc Landré : Un objectif bien loin de l'engagement du candidat Sarkozy de proposer un "droit à la formation" pour tous les chômeurs.

On ne saurait mieux résumer la situation, en effet. Le président-candidat est décidément bien mal entouré. A quelques jours près, le rapport Larcher aurait pu n'être qu'un simple poisson d'avril.

(Source : Mediapart)

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Mis à jour ( Mardi, 10 Avril 2012 22:20 )