Le chômage «porte atteinte à la santé mentale des individus»

Jeudi, 03 Juillet 2008 04:24
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... Et il en est de même pour la pénibilité et le stress au travail, déclare l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) qui, à l'occasion de la remise de son rapport annuel 2008 sur les "Perspectives de l'emploi", invente l'eau chaude.

S'ensuivent quelques préconisations humanistes, du type : il faut «prêter attention» à la qualité des conditions de travail (c'est à la mode), «le retour à l'emploi est généralement plus bénéfique s'il s'agit d'un emploi standard» c'est-à-dire stable et sans condition de pénibilité notable... Dans un contexte où 75% des offres disponibles actuellement sur le marché sont précaires (CDD, intérim, contrats aidés et autres emplois «atypiques» et sous-payés), on croit rêver !!!

Si son rapport note que «les problèmes de santé mentale liés au travail ont tendance à augmenter en moyenne parmi les actifs occupés dans l'ensemble des pays européens et [qu']ils touchent plus fréquemment ceux qui travaillent dans des conditions pénibles», l’OCDE s'empresse de relativiser : «Les politiques axées sur l'augmentation de la flexibilité de l'emploi et plus précisément sur l'augmentation des emplois atypiques ne semblent pas avoir abouti à plus de problèmes de santé mentale [...], même si les conditions de travail liées à ce type d'emplois peuvent aggraver des problèmes de santé mentale existant au préalable

Tous cinglés ?

Et oui, nous y sommes : pour l’OCDE, «le lien généralement observé entre la santé mentale et l'emploi tient davantage à la prédisposition de certains individus à développer une maladie mentale et à ne pas travailler qu'à un fort impact du travail ou de certaines conditions de travail sur la santé mentale». Ainsi l’OCDE nous agite l'épouvantail de la fragilité/responsabilité individuelle tant prisé par le patronat : les suicides de salariés seraient ainsi de leur seul fait et les privés d'emploi ont, très certainement, des aptitudes naturelles à fuir le labeur.

Cerise sur le gâteau, l’OCDE préconise d'encourager le maintien dans l'emploi des travailleurs souffrant de problèmes de santé mentale, un objectif qui sera «plus facile à atteindre si on cherche à éliminer ou atténuer les conditions de travail stressantes pour ces travailleurs». C'est clair comme de l'eau de roche : il faut embaucher les chômeurs ! Et y aller piano car, pour l’OCDE, travailler plus de 10 heures par jour, un rythme de travail intense, un problème de discrimination ou une faible satisfaction dans l'emploi sont plus souvent associés à une augmentation de l'incidence des problèmes de santé mentale. De même, les personnes qui passent d'un emploi «standard» à un emploi «atypique» (type de contrat, horaire de travail, travail posté, etc…) subissent aussi généralement «une perte de bien-être mental».

Ce rapport, véritable tissu de contradictions hypocrites, frise l'indécence quand on sait que l'Europe prône la semaine de 65 heures et que le gouvernement français prépare une loi qui va dynamiter notre législation sur le temps de travail ainsi qu'une autre visant à obliger les chômeurs à accepter n'importe quoi sous peine de radiation (faute de ne pas devenir dingues, ils crèveront de faim).

Chômage : le retour

En conclusion de ces belles paroles, après avoir également insisté sur la nécessité de combattre le racisme à l'embauche et la discrimination des femmes, ou de favoriser l'insertion des jeunes en fin de scolarité (toujours les mêmes litanies…), l’OCDE annonce, elle aussi, que le chômage va remonter dans l'ensemble de ses 30 pays membres dans les deux années à venir : «La tendance à la baisse du chômage observée ces dernières années devrait s'inverser, le nombre de chômeurs dans la zone de l’OCDE augmentant d'un million de personnes en 2008 et de près de 2 millions en 2009». Plus on est de fous, et moins il y a de riz !

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Mis à jour ( Jeudi, 03 Juillet 2008 04:24 )