Une mobilisation sociale au point mort

Lundi, 23 Juin 2008 12:47
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A l'heure où les syndicats tombent dans le piège des habiles manœuvres gouvernementales et font acte de division, ôtant tout espoir à des millions de Français désemparés, un énième sondage d'opinion s'interroge sur leurs sentiments à leur égard.

La relation des salariés français avec leurs syndicats est très ambigüe, note une fois de plus la TNS-Sofres dans Les Echos : si notre taux de syndiqués est seulement de 8% (15% dans le public, trois fois moins dans le privé), 58% des 500 salariés qu'elle a interrogés leur font «tout-à-fait» ou «plutôt» confiance et 70% les jugent «efficaces».
Pourtant, 61% leur reprochent une «approche trop idéologique», 67% estiment qu'il y a «trop de concurrence» entre eux bien qu’«ils se ressemblent trop» (61%). Pour 79% des sondés, l'idéal serait d’«avoir un, deux ou trois syndicats nationaux, comme ailleurs en Europe».

Si la division excessive des syndicats (36%), leur mauvaise compréhension des «vrais besoins» (33%) ou encore des cotisations trop chères (26%) expliquent en partie la faible syndicalisation de nos salariés, la raison numéro un est bel et bien la «peur des représailles» en entreprise, évoquée par 41% d'entre eux.

Trop de manifestations traîne-savates

Selon Les Echos, trop de syndicats tueraient le syndicalisme. Et pour Olivier Besancenot, devenu le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy selon Le Figaro, trop de manifs tuent la manif : réagissant dimanche sur Canal+ à la mobilisation ratée de la semaine dernière, il estime que nous assistons à la fin d'un «cycle de lutte sociale qui se termine un petit peu en eau de boudin». Et de prévenir pour la rentrée : «Les manifestations, il va falloir en faire mais ça ne suffira pas. Et si ça ne suffit pas, il faut faire ce que pas mal de salariés ont fait ces dernières années, c'est-à-dire bloquer».

Face aux multiples réformes anti-sociales engagées au pas de charge par le gouvernement, sa collègue Arlette Laguiller avait tenu des propos similaires la semaine précédente, estimant qu'il faudrait «une grève générale, une grève d'ensemble». Elle avait critiqué le corporatisme des grandes organisations syndicales qui, en plus d'être divisées, «craignent en réalité une grève générale qui pourrait leur échapper».

L'amertume est grande pour certains militants : combien de temps l'autisme politique et syndical qui sévit de concert va-t-il encore durer ? Il est urgent que la riposte sociale ressemble enfin à quelque chose, avec ou sans les syndicats.

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Mis à jour ( Lundi, 23 Juin 2008 12:47 )